À Oloron-Sainte-Marie, les urgences de l'hôpital en sursis, faute d'urgentistes

Par
Publié le 12/05/2022
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : DR

Retournement de situation – mais toujours grand flou – à l’hôpital d’Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques). Alors que l’agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine avait annoncé la fermeture des urgences jusqu’en septembre, faute de médecins urgentistes, le service a finalement rouvert mercredi matin.

Mais rien n'est joué à long terme et près de 3 000 personnes – soit environ un tiers des habitants de la commune ! – ont manifesté mardi devant la sous-préfecture pour défendre les urgences de l’établissement, une mobilisation inédite.

De fait, la situation est loin d’être résolue. Contacté par « Le Quotidien », Patrick Quinquis, chirurgien-dentiste à l’hôpital d’Oloron-Sainte-Marie, précise que ce sont les « remplaçants habituels qui ont décidé de revenir par solidarité. Mais il y a des trous dans le planning à partir du 17 mai, donc ce n’est absolument pas pérenne ». Faute de mieux, l’hôpital se contente donc d’une solution provisoire. « On panse les plaies au fur et à mesure qu’elles apparaissent, en espérant que cela va faire tomber les écrouelles et que tout va se passer pour le mieux », observe, fataliste, le chirurgien-dentiste béarnais.

De six à deux urgentistes…

Autrefois, le service fonctionnait avec six urgentistes titulaires (ETP) mais ils sont partis les uns après les autres. L’établissement a « commencé à travailler avec des intérimaires, car personne ne candidate sur un poste de PH urgentiste », croit savoir Patrick Quinquis. Aujourd’hui, seuls deux praticiens urgentistes travaillent à temps plein dans le service – dont un médecin Smur. Résultat, « quand il y a un départ du Smur, il quitte les urgences et l’autre médecin reste seul ».

Lorsque les urgences d'Oloron-Sainte-Marie ferment provisoirement, les patients sont obligés de se rendre dans l’établissement le plus proche, le CH de Pau, situé à 45 minutes. Mais là-bas, le délai moyen d’attente aux urgences oscillerait « entre 6 et 8 heures ». Quand cela se produit, « toutes les vallées sont impactées, ce qui veut dire près de 50 000 habitants », complète Maïté Besson, maire de la commune.

Mode dégradé

Faut-il craindre une fermeture définitive des urgences d’Oloron-Sainte-Marie, à moyen terme ? « Il y aura sans doute un fonctionnement en mode dégradé et il faudrait un coup de baguette magique pour que des urgentistes s’installent définitivement à Oloron », avance, ironique, Patrick Quinquis. La qualité des services et infrastructures (écoles, commerces, transports) sera déterminante pour fidéliser les jeunes médecins.

« Les jeunes spécialistes préfèrent intégrer de grosses unités, avec des médecins seniors, où les astreintes ne reviennent pas toutes les 48 h », explique encore le chirurgien-dentiste. Dans les hôpitaux périphériques, où le personnel fait défaut, les gardes sont plus fréquentes, si bien que « les jeunes sont un peu seuls et n’ont pas l’impression d’exercer en sécurité ».


Source : lequotidiendumedecin.fr