Il était une fois des médecins, soignants, administratifs et… d'innombrables raretés dans un hôpital corrézien. Enthousiasmé par le riche passé de son établissement tulliste, Patrick Poujade, infirmier anesthésiste, amasse depuis les années 90, avec la complicité de ses collègues, tout ce qui peut porter témoignage d’antan.
À travers plus de 4 000 instruments et produits médicaux patiemment récupérés et accumulés, il s'engage à retracer l’historique d’une unité hospitalière de 350 lits mobilisant 1 200 personnes. Le cinquantenaire fait partie des collectionneurs atypiques spécialisés dans les domaines les plus inattendus, en l’occurrence ceux des objets hospitaliers. « J’étais un collectionneur dans l’âme », confie-t-il. Le soignant découvre le matériel hospitalier grâce à un confrère gastro-entérologue qui, après un appel aux dons pour raisons humanitaires, voit arriver à Tulle une quantité de produits plus ou moins exploitables. « J’en ai récupéré quelques-uns, puis l’envie est venue d’augmenter mon trésor... »
Avec l'approbation de sa hiérarchie, il transforme en réserve un ancien bloc opératoire reconstitué, datant de 1956, « le plus vieux de France ». Puis, grâce au bouche-à-oreille local, l'infirmier enrichit son stock, devenu impressionnant. Le bloc devient trop petit. « Pour abriter mes trouvailles, on m’a octroyé tout le 10e étage désaffecté, soit 350 m2 ! Mais à présent, pour des raisons sécuritaires et de normes, je dois déménager. J’ai proposé l’utilisation de la salle de consultation ophtalmo. »
Un brancard des tranchées
Difficile de faire son choix dans cette caverne d’Ali Baba, version Esculape. On y trouve, pêle-mêle, un nécessaire pour prise de sang, un appareil à perfusion des années 30, un haricot médical tout en cuivre fin 19ème, un pacemaker daté de 1970, une trousse de sage-femme à domicile, le premier scope de l’hôpital, des flacons variés avec contenu ou sirop d’époque, des médicaments rares comme une boîte de morphine/atropine avec plomb, des seringues en verre et même un brancard venu des tranchées de 1916. Les plus anciens objets, en parfait état de marche ou de conservation, remontent à 1880…
Patrick Poujade, qui aimerait créer une vraie salle d’exposition, visitable sur rendez-vous, souhaite mettre en avant le côté pédagogique de sa collection hors normes pour attirer scolaires ou professionnels, curieux ou visiteurs. Un vœu qui semble difficile à concrétiser. « Tulle est un petit hôpital avec des moyens hors fonctionnement assez limités, précise Véronique Navarri, directrice adjointe qualité de l'hôpital. Nous ne pouvons pas nous lancer dans cette aventure, financièrement et structurellement, mais cela ne nous empêche pas d’être pour la préservation de la mémoire de notre site, comme de nos activités. »
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