Depuis leur fondation en 1945, les centres de lutte contre le cancer (CLCC) régionaux occupent une place particulière dans le paysage hospitalier. Ces établissements privés à but non lucratif participent au service public hospitalier en prenant en charge les patients atteints de cancer. Leur fonctionnement intègre une grande capacité à coopérer et à créer des synergies pour remplir leurs missions. La création, en 2011, du groupe Unicancer marque l’aboutissement de cette capacité à travailler en groupe des 18 CLCC et de leurs deux membres associés. Cela a notamment permis à ces établissements de développer un modèle de prise en charge commun et multidisciplinaire qui fait de ce réseau un acteur majeur dans le traitement du cancer. L’ensemble des CLCC prennent ainsi en charge plus de 550 000 patients chaque année, ce qui représente plus 170 000 hospitalisations et plus de 1,2 million de consultations.
L’ensemble des CLCC prennent en charge plus de 550 000 patients chaque année
Au-delà de l’aspect du soin, cette stratégie de groupe apparaît notamment dans l’élaboration et la mise en place de stratégies globales dans les domaines relevant des compétences des membres du réseau. Dans la recherche clinique tout d’abord puisqu’avec 739 essais cliniques promus en 2023, « Unicancer est, le premier promoteur d’essais cliniques en oncologie au niveau européen », explique Sophie Beaupère, déléguée générale du groupe. Cette activité est fondée sur la complémentarité entre recherche clinique, recherche translationnelle et recherche sur les données grâce aux entrepôts de données notamment. Elle enrôle 16 % des patients pris en charge dans les CLCC et place Unicancer à la pointe de l’innovation en cancérologie.
Une volonté d’innover qui se retrouve aussi dans la promotion de messages de prévention par le réseau. « Il s’agit d’une activité en plein développement car on sait que 40 % des cancers sont dits évitables mais les progrès scientifiques et techniques, notamment en biologie moléculaire, autorisent la personnalisation des traitements mais aussi des actions de prévention », précise Sophie Beaupère. Une personnalisation qui permettrait d’améliorer les résultats de la prévention et du dépistage, selon la déléguée générale. Alors que chaque CLCC porte des programmes de prévention à visée territoriale, comme Interception à Gustave-Roussy ou encore le portail Cancer et environnement du centre Léon-Bérard, Unicancer « cherche à développer une stratégie de groupe pour leur donner une dimension nationale, indique la déléguée générale. Nous venons par exemple de déposer un article 51 pour développer le programme Interception au niveau national dans une dizaine de centres ».
L’ensemble de ces engagements fait d’Unicancer un interlocuteur dans le développement des politiques publiques liées à la lutte contre le cancer, notamment pour améliorer la prise en charge des patients tout au long du parcours de soins. Dans le cadre du Plan cancer 2009-2013, le groupe a été très actif dans le développement des essais précoces en menant des essais de phases 1 et 2 via le groupe des essais précoces (GEP) évaluant les médicaments innovants.
Une organisation en réseau
La fédération Unicancer représente 18 CLCC répartis sur 22 sites et compte plus de 23 000 salariés. Le bureau propose une stratégie commune à tous les centres et est composé de huit directeurs de CLCC élus pour trois ans. L’assemblée générale met en œuvre les orientations définies par le bureau. Elle comprend les directeurs généraux des CLCC.
Une activité nationale
Les établissements membres d’Unicancer prennent en charge, chaque année, 20 % des patients atteints de cancer en France. Dans le détail, cela correspond notamment à 30 % des femmes atteintes d’un cancer du sein, 22 % des femmes atteintes d’un cancer gynécologique et 19 % des patients atteints d’un cancer endocrinien.
Des prises de position
Au début de l’année, le président d’Unicancer, le Pr Jean-Yves Blay, a exprimé sa satisfaction suite à plusieurs avancées au cours de l’année 2023. Parmi celles-ci, il évoque par exemple l’expérimentation sur les chimiothérapies orales à domicile ou encore le financement de la radiothérapie au forfait et non plus à la séance. Cependant, il alerte aussi sur les tensions autour des ressources humaines rencontrées par l’ensemble des CLCC concernant notamment la radiothérapie, la médecine nucléaire ou encore la radiologie…
Quelques mois plus tôt, le groupe Unicancer avait demandé l’équité de traitement avec l’hôpital public à l’occasion de la préparation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024. La fédération regrettait que les mesures liées à la revalorisation du point d’indice ne soient toujours pas transposées dans le budget de la Sécu, ou encore que la part de l’enveloppe nationale liée à la tarification à l’acte (T2A) ne représente pas la part de l’activité des CLCC.
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