« Nous sommes au pied du mur. Nos établissements ne trouvent plus de personnel et vont se retrouver face à un déficit si rien n’est fait d’ici à quelques mois », a alerté devant la presse Pierre Roux, délégué régional de la FNAQPA, une fédération de gestionnaires d’établissements pour personnes âgées à but non lucratif.
À ses côtés, Magalie Bilhac, secrétaire adjointe de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), qui regroupe 2 000 directeurs, a pointé en particulier les conséquences de l'inflation sur la trésorerie. De surcroît, la directrice d’Ehpad (Hérault) regrette que les revalorisations Ségur ne soient toujours « pas financées en totalité par les pouvoirs publics ». L’avocat de son Ehpad va déposer à cet égard un recours contre l’État pour que celui-ci « finance complètement les mesures du Ségur ». Depuis leur mise en place jusqu'à décembre 2021, « il me manque 200 000 euros », estime Magalie Bilhac.
Spectre de la liquidation
La problématique financière serait exacerbée dans le secteur des services à domicile, puisque « 50 % des mesures du Ségur ne sont pas financées ». Dans cette branche, les pouvoirs publics ont acté le financement bipartite (État et départements) des revalorisations, mais « l’État n’a pas trouvé d’accord avec l’association des départements de France », précise Magalie Bilhac. « Si nous n’équilibrons pas nos dépenses et nos recettes, nous allons tout droit vers la liquidation », avertit-elle.
Même inquiétude du côté de Didier Carles, secrétaire national de l’AD-PA. Dans son Ehpad de Haute-Garonne, le surcoût lié à l’explosion des prix du gaz et de l’électricité s’élèverait à plus de 260 000 euros. Il évoque lui aussi la non-compensation intégrale des mesures du Ségur, mais aussi l’augmentation du point d’indice. Cette dernière représenterait un surcoût de 130 000 euros sur 6 mois pour son établissement.
Absentéisme et problèmes de recrutement
Le sous-financement chronique pèse sur la santé des professionnels du secteur. Selon un récent rapport de la Cour des comptes, le taux d’absentéisme lié aux accidents du travail et aux maladies professionnelles a « augmenté de 41 % dans notre secteur, entre 2016 et 2019 », énonce le secrétaire national de l’AD-PA. Un coût humain estimé à 17 000 postes par an.
Enfin, alors que le PLFSS 2023 a prévu l'embauche de 3 000 aides-soignants et infirmiers supplémentaires dans les Ehpad, la Fnadepa, une des principales associations de directeurs, réclame « 20 000 recrutements » dans le secteur dès lan prochain. Son président, Jean-Pierre Riso, évoque les difficultés « inouïes » des établissements et réclame des « mesures d’urgence », sans attendre la présentation, dans six mois, de la feuille de route du ministre des Solidarités. Il ne participera pas au conseil national de la refondation (CNR), une « énième concertation » qui « ne sert à rien », car « tout a été dit, tout a été écrit ».
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