Deux hôpitaux sur trois endettés, les cliniques en bien meilleure santé

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Publié le 18/07/2024
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La Drees (ministère) publie ce jeudi 17 juillet son panorama des établissements de santé pour 2022. 65 % des hôpitaux publics sont endettés, contre 24 % des cliniques.

Crédit photo : GARO/PHANIE

L’écart se creuse entre l’hôpital public et les cliniques privées. C’est l’information principale du volumineux panorama de la Drees (ministère de la Santé) sur les établissements de santé en 2022.

Ce rapport annuel scrute les comptes publics du secteur hospitalier français, qui compte 2 976 établissements : 1 338 hôpitaux publics, 980 cliniques privées commerciales et 658 autres à but non lucratif.

Déficit historique de 1,3 milliard d’euros à l’hôpital

En 2022, la situation financière des hôpitaux publics « se dégrade très fortement avec un déficit de 1,3 milliard d’euros, alors que celle des cliniques privées à but lucratif reste bénéficiaire, avec un résultat net de 627 millions d’euros », écrit la Drees.

Dans le détail, 65 % des structures publiques sont dans le rouge, une proportion « inédite depuis 2005 ». Les centres hospitaliers spécialisés en psychiatrie font exception. L’AP-HP représente, à elle seule, 16 % du déficit cumulé (22 % en 2021).

La perte cumulée des hôpitaux publics en 2022 est très clairement supérieure à celle observée les années précédentes : 415 millions en 2021 et 91 millions en 2020 (mais 565 millions en 2019). « Cette très nette détérioration depuis 2021 contraste donc avec l’amélioration apparente de leur situation financière en 2020, essentiellement portée par les dispositifs exceptionnels de soutien face à la crise sanitaire », lit-on. En dépassant le milliard symbolique, l’hôpital public confirme sa mauvaise santé chronique.

Le pourcentage d’hôpitaux surendettés (33,6 %) « repart légèrement à la hausse sans pour autant retrouver son niveau d'avant crise » sanitaire (41,5 % en 2019), tempère toutefois l’étude. Autre point positif : l’effort d’investissement des hôpitaux poursuit sa reprise et représente 5 % des recettes en 2022 (après 4,7 % en 2021 et 4,4 % en 2020), et ce, malgré la forte remontée des taux d’intérêt. Les investissements représentent 4,9 milliards d’euros en 2022. Cette reprise est l’une des conséquences des accords du Ségur de la santé signés en juillet 2020.

En dépassant le milliard symbolique de déficit, l’hôpital public confirme sa mauvaise santé chronique

 

Des recettes « particulièrement dynamiques » pour les cliniques

La situation financière des cliniques privées « reste favorable en 2022 ». Leur résultat net, « très fortement soutenu par les subventions d’exploitation mises en place depuis la crise sanitaire », s’établit à 627 millions d’euros. Il représente pour la deuxième année consécutive 3,4 % des recettes, soit plus du double de son niveau avant la crise sanitaire (1,6 % en 2019).

Les recettes des cliniques privées ont été « particulièrement dynamiques » en 2022 (+ 7,1 %) alors qu'elles progressaient autour de + 1,7 % en moyenne entre 2014 et 2020. Des disparités persistent néanmoins entre établissements. En 2022, un quart (24 %) était déficitaire (21 % en 2021). Le pourcentage de cliniques déficitaires atteint 26 % en SSR (+ 1 point), 25 % en MCO (+ 4 points) et 17 % en psychiatrie (+ 6 points). La proportion de cliniques surendettées a atteint 18 % en 2022, « niveau inégalé depuis 2016 ».

L’effort d’investissement des cliniques poursuit sa progression. Selon les estimations, il s’élève à 6,1 % en 2022 ( 5,2 % en 2021), atteignant ce qui serait son plus haut niveau depuis 2010.

Plus de 21 millions de passages aux urgences

En 2022, 618 établissements de santé ont une autorisation d’accueil des urgences pour un total de 688 structures. Ces dernières ont pris en charge 21,6 millions de passages, en hausse de 6,2 %, après avoir augmenté de 12,3 % en 2021. À ces établissements s’ajoutent 404 structures de Smur et 100 Samu, avec une répartition proche d’un Samu par département. Le secteur public concentre 77 % des urgences, tandis que 18 % dépendent du secteur privé à but lucratif et 5 % du privé à but non lucratif. Seules 12 % des urgences et 6 % des Smur possèdent une autorisation d’urgences pédiatriques.

Entre 1996 et 2019, le nombre de passages aux urgences a été multiplié par deux.


Source : lequotidiendumedecin.fr