L'hôpital public arrivera-t-il à tenir face à la seconde vague épidémique qui s'abat partout en France ? Lors de deux points d'étape organisés ce mardi 3 novembre, la Fédération hospitalière de France (FHF) d'un côté et l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) de l'autre ont décrit une situation pour le moment sous contrôle, mais tout en alertant sur le risque de saturation des services alors qu'un pic des admissions est attendu pour la mi-novembre.
Contrairement à la première vague, cette fois « la pression épidémique est extrêmement forte sur tous les territoires », a mis en garde Frédéric Valletoux, président de la FHF. Pour éviter d'atteindre « le point de saturation prévu dans une dizaine de jours » dans les hôpitaux, le maire de Fontainebleau dit compter sur les effets du confinement décrété en fin de semaine dernière.
Déprogrammations inévitables
Selon les derniers chiffres du gouvernement, le taux d'occupation des lits de réanimation s'élève à 73,6 %. « Plus la vague monte et plus il nous faut déprogrammer des opérations », explique Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF. Or, en pleine vague, « les établissements ont du mal à tenir les seuils de déprogrammations voulus à juste titre par le gouvernement afin de limiter les pertes de chance » pour les patients non-Covid.
« Cela pose des questions éthiques pour les professionnels de santé, car lors de la première vague, tout avait été déprogrammé », souligne Zaynab Riet. Pour y répondre, un rapport du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) est attendu dans les prochains jours. Par ailleurs, les transferts de patients ont repris et vont s'intensifier. « Il est envisagé dans les prochains jours des transferts vers l'Allemagne ou vers d'autres régions », a même déclaré Frédéric Valletoux en évoquant la situation critique que connaît actuellement les Hauts-de-France. Au 2 novembre, les établissements de la région accueillaient 428 patients Covid en soins intensifs et en réanimation. L'agence régionale de santé (ARS) a annoncé ce jour l'ouverture de 100 lits supplémentaires en réanimation portant le capacitaire total à environ 800.
66 % d'occupation en réa à l'AP-HP
En région parisienne, la situation se tend aussi dans certains hôpitaux. Les professionnels attendent avec inquiétude le pic de mi-novembre. « Nous craignons que la circulation du virus ne soit pas suffisamment freinée par les nouvelles modalités de confinement », alerte le Pr Rémi Salomon, président de la commission médicale d'établissement (CME) de l'AP-HP.
Le CHU francilien accueillait au 2 novembre 345 patients Covid en réanimation et 1 122 en médecine. « Cela représente environ 36 % d'occupation des lits de soins critiques mais si l'on rapporte au capacitaire de réanimation uniquement, alors on atteint 66 % », avertit François Crémieux, directeur général adjoint. En comptant les malades hors Covid, l'AP-HP ne dispose plus que de 80 lits vacants en soins critiques… À l'échelle de la région tout entière, 965 patients Covid sont admis en réanimation et 3 541 sont hospitalisés en médecine.
La direction de l'AP-HP insiste toutefois sur la nécessité de maintenir une activité hors Covid et invite les patients dont les opérations sont maintenues à « ne pas se déprogrammer tous seuls ». « Le bilan de cette crise se fera aussi sur les patients non-Covid » prévient le directeur général Martin Hirsch qui veut tirer les leçons de la première vague.
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