Alors que plusieurs drames et dysfonctionnements ont affecté l’hôpital (voir page 3) durant la trêve des confiseurs, qu’en a-t-il été du côté de la permanence des soins des libéraux au cours de cette même période ? Le Samu de France assure en effet avoir constaté, juste avant les fêtes de fin d’année, « des délais d’intervention des médecins de garde particulièrement longs », et même parfois « inchiffrables et totalement imprévisibles ». Le président du Samu, le Dr Marc Giroud assure même que « de nombreux généralistes sont partis en congés sans avoir prévu de remplaçant », obligeant selon lui les services d’urgences hospitaliers à traiter des pathologies courantes « ordinairement prises en charge par le médecin traitant ». Pour Marc Giroud, « la très forte charge de travail à laquelle sont ainsi soumises les structures hospitalières d’urgence est susceptible de multiplier les erreurs humaines ». Le président du Samu a donc prié les préfets et les présidents des conseils départementaux de l’Ordre de demander aux médecins généralistes « qu’ils assurent leur obligation de continuité des soins, et de ne pas se contenter de laisser sur leur répondeur un message recommandant l’appel au 15 ».
Cetteprise de position n’a pas manqué de faire réagir les libéraux. Du côté de SOS-Médecins, qui rappelle au passage que durant les fêtes de fin d’année, ses 1 000 médecins ont été présents et ont assuré, « comme à l’accoutumée la permanence des soins 24h/24 et 7 jours sur sept », le Dr Patrick Guérin estime qu’il est « malheureux de constater qu’un service public cherche avant toute chose à s’exonérer de toute responsabilité si des problèmes venaient à survenir, tout en rejetant les fautes éventuelles sur l’organisation des soins ou la carence des généralistes ». Patrick Guérin prend malgré tout la peine de préciser que, sur le terrain, les deux structures entretiennent « des relations de collaboration quotidienne efficace, entièrement tournées vers la complémentarité de la prise en charge des patients ».
Un système méconnu
A MG-France, le Dr Martial Olivier-Khret préfère rappeler que le 1er janvier dernier, les centres 15 ont reçu 100 000 appels de patients, dont 60 000 ont été résolus par un conseil téléphonique dispensé par un médecin régulateur libéral. MG-France note au passage que « la nuit, les dimanches et jours fériés, 3 000 médecins généralistes assurent leur astreinte dans leur secteur de PDS », et que 400 maisons médicales de garde sont ouvertes sur le territoire. En conclusion, MG France indique que « force est de constater que ce nouveau système, substitué en quelques années au vieux système du médecin qui se déplaçait à domicile sur appel direct du patient, reste méconnu du grand public. Les patients se précipitent directement aux urgences de l’hôpital dont ils saturent inutilement les capacités d’accueil et de traitement ».
Même tonalité à la FMF, où le Dr Jean-Paul Hamon, patron de la section généraliste, assure que « le Samu pond toujours les mêmes communiqués aux mêmes périodes ». Pour Jean-Paul Hamon, les médecins généralistes se sont organisés pour assurer la PDS, « que ce soit en MMG, en points fixes de garde ou en avant-poste des services d’urgences, et s’impliquent également dans la régulation. Mais ils ne sont pas responsables du manque de financement de ces systèmes de régulation, ni du désintérêt des jeunes pour la médecine libérale générale. Marc Giroud devrait aller visiter certains départements où la collaboration entre libéraux et hospitaliers est cependant exemplaire ». Plus généralement, Jean-Paul Hamon souhaite « qu’on arrête de nous bassiner avec des urgences hospitalières débordées alors qu’elles refusent toute régulation à l’entrée. Il faudrait réfléchir à ne pas appliquer à la T2A (tarification à l’activité) aux urgences, étant donné que cela les incite à faire du chiffre ». Quant au SML, par la voix de son nouveau président, le Dr Christian Jeambrun, il rappelle que « les médecins libéraux participent activement et volontairement à la PDS, soit par la régulation, soit en étant présents dans les nombreuses MMG qu’ils animent ».
Enfin, à la Garde médicale de Paris (GMP), le Dr Dominique Monchicourt regrette que les quatre maisons médicales de garde qu’il anime ne reçoivent pas plus de patients : « Nous nous sommes mobilisés pour les ponts, nous avons participé à la régulation médicale, nos MMG étaient ouvertes, mais les parisiens ne le savent pas et se précipitent toujours tête baissée vers les urgences hospitalières ». Pour le Dr Monchicourt, des campagnes avaient bien été programmées pour informer les parisiens de l’existence de ces structures libérales, mais à la suite de différends entre la mairie, la préfecture et l’ARH, elles auraient été différées.
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