À l’occasion de la Journée mondiale de la Santé, le 7 avril, le groupe d’Ehpad privés Clariane (ex-Korian) s’est intéressé à la satisfaction qu’ont de leurs métiers et de leurs conditions de travail les soignants européens, en particulier les médecins.
L’étude a été réalisée par l’Institut Ipsos du 10 janvier au 6 février 2025 auprès de 1 602 soignants français, espagnols, italiens et allemands. Parmi eux, il y a 400 médecins qui exercent en ville, à l’hôpital ou en maison de retraite.
Les sondés estiment aujourd’hui que leur profession est reconnue socialement. Les médecins sont 84 % à se sentir considérés, alors que ce sentiment positif est moindre chez les infirmiers (60 %) et les aides-soignants (56 %). Les médecins apprécient surtout la reconnaissance de leurs proches (92 %), de leurs patients (87 %) et de leur hiérarchie (76 %). C’est moins évident avec les médias et les réseaux sociaux (65 %) ainsi qu’avec les responsables politiques (51 %). Un sentiment partagé par l’ensemble des soignants.
Cette perception positive varie toutefois selon les nationalités : les Italiens sont les plus nombreux à se sentir considérés (73 %), lorsque les Français arrivent en bas du classement (59 %).
Elle varie également dans le temps. Sur les cinq dernières années, les soignants européens sont 49 % à penser qu’ils sont « de moins en moins » considérés. Les Français sont les plus mécontents (58 %). Parmi les raisons invoquées : un « manque de moyens, de temps et de personnel pour écouter les patients » (51 %) et une « approche consumériste de la santé » (45 % des soignants mais tout de même 55 % des médecins).
Autre signe encourageant : près de huit soignants sur dix continuent à se déclarer satisfaits de leur métier actuel, révèle l’étude. Là encore, ce chiffre est plus élevé chez les médecins (86 %) que chez les infirmiers (74 %) ou les aides-soignants (75 %).

Paradoxalement, c’est la pénurie médicale et paramédicale qui joue en faveur des soignants en exercice. Pour ceux qui s’estiment « de plus en plus » considérés ces cinq dernières années dans leur métier (23 % du panel européen mais 15 % seulement du panel français), 43 % jugent que « la pénurie de personnels dans certains territoires […] permet de prendre conscience du travail qu’ils réalisent et de leur rôle essentiel ». La deuxième cause est « une meilleure sensibilisation du public (38 %) aux défis et aux conditions de travail des professionnels de santé ». Le troisième facteur est « la reconnaissance du rôle crucial des soignants pendant la pandémie » (37 %).
Médecin, un métier à conseiller aux jeunes
Cet optimisme se concrétise aussi dans la réponse apportée à la question : « Conseilleriez-vous à un jeune d’exercer votre métier ? » La majorité (57 %) des soignants européens répond par la positive. Ce chiffre est plus fort chez les médecins (69 %) que les infirmiers (52 %) ou les aides-soignants (50 %).

Un soignant sur cinq a envie de quitter son travail
Reste que des zones d’ombre persistent. Les chiffres témoignent de l’épuisement des soignants. Un sur cinq avoue avoir « envie de quitter » son poste actuel et 37 % disent y « réfléchir ». Sur cette base, un tiers (30 %) veut continuer à exercer sa profession dans l’univers de la santé et du soin, mais ailleurs. Un autre tiers (32 %) veut changer de spécialité ou de poste tout en restant soignant.

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