Après l’enquête de la Fédération hospitalière de France (FHF), la semaine dernière, qui soulignait un manque généralisé de ressources humaines soignantes dans les hôpitaux, la communauté gériatrique « tire la sonnette d'alarme » sur la pénurie au sein des services hospitaliers de gériatrie.
Le Conseil national professionnel (CNP) de gériatrie, qui regroupe toutes les composantes de la spécialité, se déclare « peu surpris » par les résultats inquiétants de cette enquête, la gériatrie ayant toujours fait figure « de parent pauvre de l’hôpital », souligne le Pr Claude Jeandel, président du CNP. Selon les chiffres de la FHF, 84 % des services de gériatrie sont en difficulté, que ce soit dans les Ehpad, les CH ou les CHU, avec « comme profil le plus complexe à recruter, les infirmiers de nuit ».
Des patients toujours plus nombreux et plus malades
« En gériatrie, le ratio médico-soignant n’a jamais été à la hauteur des soins que l'on doit prodiguer aux patients gériatriques polypathologiques et en perte d’autonomie. Nous devons continuellement faire face à un manque de soignants dans nos services », insiste le Pr Jeandel. Il rappelle que les sous-effectifs d'infirmiers et d'aides-soignants (en raison du Covid mais aussi des congés d'été) provoquent « la fermeture de lits, voire de services ».
Pour les représentants de la gériatrie, « cette situation expose à un défaut d’accès à des soins appropriés pour les patients âgés, qu’ils proviennent de leur domicile ou des Ehpad ». Or, le CNP rappelle que les patients accueillis dans ces services sont « de niveaux de sévérité élevés » parce qu’ils présentent souvent « de nombreuses défaillances d’organes liées à plusieurs maladies chroniques », aboutissant à « une perte d’autonomie aiguë ». « L’ensemble de ces caractéristiques rend le soin complexe et nécessite l’expertise spécifique des soignants en gériatrie, explique le CNP. Or, (...) les gériatres héritent, seuls et en sous-nombre, de patients toujours plus nombreux et plus malades. »
IPA, internes, assistants de soin : renforts réclamés
Si ses effectifs étaient revus à la hausse, la gériatrie pourrait devenir attractive, veut croire la spécialité qui demande aux pouvoirs publics « des moyens » alors que, selon les projections de l'Insee, un Français sur trois aura plus de 60 ans en 2050. « Concrètement, qu’ils augmentent le personnel en gériatrie en tenant compte des recettes de la tarification », avance le Pr Jeandel.
Pour le CNP, cela implique d'inciter les hôpitaux à fixer des ratios infirmiers (IDE) et aides-soignants « supérieurs au sein des unités de gériatrie », de « reconnaître les spécificités » du métier d’infirmière en gériatrie ou encore de promouvoir la fonction d’assistant de soin en gérontologie. Les gériatres plaident aussi pour la mise en place des infirmières en pratique avancée (IPA) en gérontologie et pour une hausse « significative et rapide » du nombre d'internes dans cette spécialité. « En procédant ainsi, avance le CNP, la discipline pourra enfin devenir attractive et contribuer à faire en sorte que les personnes âgées puissent être soignées avec l’attention qu’elles méritent. »
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