L’idée est originale : proposer aux infirmiers de porter des brassards siglés « ne pas déranger » pour lutter contre les interruptions de tâches à répétition. Depuis plusieurs mois, ce dispositif est déployé dans tous les services de médecine et de chirurgie de l'hôpital d'instruction des armées Percy à Clamart (Hauts-de-Seine). Sept services sont concernés : neurologie, hématologie, cardiologie, médecine interne, chirurgie viscérale, hépatologie digestive et neurochirurgie. À terme, deux services supplémentaires (soins critiques et urgences) pourraient suivre la même voie.
Arrivé en 2020 dans l’établissement francilien, le directeur des soins (et coordonnateur général des soins), Vincent Serre, est à l’origine de ce projet qui a reçu « l’unanimité des soignants ». Même si certains médecins ont ponctuellement fait part « d’une certaine réticence et d’une incompréhension », confie le cadre de Percy au Quotidien. Le message en tout cas est passé : avec des infirmiers régulièrement interrompus dans leurs tâches et missions, « cela majorait le risque d'événements indésirables, erreur d’identification du patient, retard dans la distribution de médicaments », illustre Vincent Serre.
Service pilote et charte d'utilisation
Celui-ci a donc choisi un service pilote (pneumologie) pour déployer le dispositif en septembre 2022. Notamment parce que le personnel concerné avait été « particulièrement exposé durant la crise sanitaire ». L’établissement a fait appel à une entreprise qui a fabriqué le produit ad hoc. « L'idée était la suivante : "ne pas déranger, ce soin mérite toute mon attention", mais le message était trop long, donc on est resté sur "ne pas déranger" » en lettres rouges capitales sur le brassard jaune, explique encore le manager hospitalier.
Puis, le service a défini une charte d’utilisation, consistant à choisir « à quel moment on allait porter le brassard, quels types de soins méritaient le plus d’attention », précise encore Vincent Serre. Les infirmiers ont privilégié certains gestes pour porter le brassard : transfusions sanguines, chimiothérapies, préparation et administration de morphiniques injectables, etc.
Les lignes bougent
Plus d’un an après la mise en place de ce système, les résultats sont au rendez-vous dans le service de pneumologie. « Les interruptions de tâches ont fortement diminué. Quand le brassard est porté, l’interne ne vient plus interrompre l’infirmière », constate le coordonnateur général des soins, convaincu que ce projet a « un peu fait bouger les lignes dans notre établissement ».
Le dispositif pourrait faire des émules, l'Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap) souhaitant la proposer sur sa plateforme des bonnes pratiques organisationnelles. « L'agence voudrait que notre outil soit proposé aux établissements de santé, assure Vincent Serre.Tant mieux si cela peut profiter à tous. »
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