Avec plus de 10 500 morts, selon Santé publique France, la pandémie de Covid-19 a frappé de plein fouet les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), en manque chronique de personnels et de moyens.
Avec quelques semaines de recul, les acteurs du secteur du grand âge ont tiré les premiers enseignements de cette crise sans précédent, dans le cadre de la commission d'enquête du Sénat sur l'évaluation des politiques publiques face aux grandes pandémies.
Renforts et anticipation
Virgine Lasserre, directrice générale de la cohésion sociale au ministère de la Santé, l'assure : si les établissements ont payé un lourd tribut pendant l’épidémie, les acquis de l'expérience sont « indéniables » et « permettent de dire que nous sommes mieux préparés ». Un dispositif de soutien en ressources humaines avec une plateforme nationale de 3 000 volontaires disponibles a été mis en place fin juillet.
Plusieurs mesures concrètes de soutien au secteur médico-social – comme les astreintes gériatriques ou les équipes mobiles de soins palliatifs – ont « prouvé leur intérêt ». Les mesures exceptionnelles visant à attirer les médecins libéraux (généralistes, gériatres) ou les infirmiers dans les EHPAD ont également fait leurs preuves (comme le forfait de 420 euros par demi-journée par praticien). La facturation à titre dérogatoire de la majoration d'urgence par les médecins de ville pour chaque visite en EHPAD a été prolongée jusqu'au 30 septembre.
Quant aux masques, il y en aurait plus d'1,5 milliard dans les stocks stratégiques de l'État, assure désormais l'administration. Ces stocks doivent être concentrés au niveau des établissements, plaident à cet égard les médecins coordonnateurs en EHPAD. « Pour les équipements de protection (...) on doit avoir de vrais stocks pour les établissements, il y a une fuite du matériel vers le sanitaire. Quant aux tests, ils doivent être ciblés et priorisés sur les personnes qui travaillent en EHPAD », insiste le Dr Pascal Meyvaert, vice-président de la Fédération française des associations de médecins coordonnateurs (FFAMCO).
Confinement généralisé excessif ?
Le confinement et l'isolement des résidents en chambre était une « mesure d'urgence », analyse aussi le Dr Meyvaert pour qui « on a fait sauve qui peut et on a bien fait ». Toutefois, « l'erreur a été de généraliser au niveau national, des régions n'en avaient pas besoin. On a peut-être tiré un peu sur la corde en gardant le confinement au-delà du nécessaire », estime le médecin. « On a fait beaucoup de procès au confinement en chambre, mais au début on pensait que la vague allait balayer toutes les régions de France d'est en ouest », rappelle Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa).
Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) réclame encore davantage de personnel « formé et valorisé » en EHPAD afin de rendre le secteur plus attractif. Il espère que la loi grand âge et autonomie permettra de « réinventer les nouveaux établissements de demain ».
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