Censée favoriser l’attractivité des carrières médicales hospitalières et faciliter la diversification des activités des praticiens, la vaste refonte des statuts de praticien hospitalier (PH) et de praticien contractuel est entrée en vigueur le 7 février. Mais ces nouveaux statuts unifiés restent très critiqués par plusieurs syndicats représentatifs des médecins hospitaliers, pour qui la réforme a manqué sa cible.
Jeunes Médecins (JM) a aussitôt annoncé qu'il déposerait un recours au Conseil d'État pour suspendre sur cette refonte statutaire. Le nouveau statut de praticien contractuel ? Ses niveaux de rémunération sont jugé « insuffisants », entraînant « une rupture d’égalité entre praticiens » alors que cette rémunération devrait être calquée sur celle des praticiens titulaires, primes incluses. « L'indemnité d’engagement de service public exclusif, par exemple, a été exclue des indemnités auxquelles peuvent prétendre les praticiens contractuels nouvellement recrutés », objecte le syndicat.
Autre motif de courroux : la création du statut unique de PH permettant d'exercer entre 5 et 10 demi-journées par semaine – leur quotité minimale de temps de travail à l’hôpital étant donc fixée à la moitié d’un temps plein. Pour Jeunes Médecins, cette refonte ne reconnaît pas l'essentiel, à savoir l’ancienneté des praticiens nommés avant le Ségur.
Également visée : la nouvelle clause de « non-concurrence » – en cas d’exercice à temps partiel et de projet de développer une activité privée lucrative. Cette clause permet au directeur d'établissement d’interdire au praticien d'exercer son activité privée lucrative dans un rayon maximal de dix kilomètres autour de la structure. Le syndicat Jeunes Médecins considère que ce dispositif « risque de pousser les jeunes praticiens à travailler directement dans le privé plutôt qu'à l'hôpital public ». Et de considérer aussi que cette clause « contrevient à la liberté d’installation et s’oppose à la volonté pourtant prônée par le gouvernement de favoriser l’exercice mixte ».
Praticien valise et vente à la découpe !
Pas en reste sur les critiques, le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHAR-e) épinglait dès lundi des décisions qui « transforment le principe de s'engager à travailler à l'hôpital en un praticien-valise et praticien-kleenex, qui va à l'encontre de la qualité et de la continuité des soins, et n'est pas forcément très attractif pour les praticiens ».
Et ce mercredi, Action praticiens hôpital (APH) a enfoncé le clou. « Où est passée l'attractivité annoncée ? Entre passage en force et mépris, c'est le piétinement de trop du dialogue social ! » Cette intersyndicale, réunion d'Avenir hospitalier (AH) et de la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH), dénonce carrément « une vente à la découpe du statut ». « Rien n'est plus répulsif que ce nouveau statut, que ce soit dans les conditions de travail ou la rémunération des praticiens, tonne APH. Il risque même de précipiter les aspirations de chacun d’entre nous et des plus jeunes vers d’autres modes d’exercice hors de l’hôpital. » La centrale reproche parallèlement au ministre de la Santé d'amuser « la galerie médiatique avec des réunions sur l'intérim médical ».
Une nouvelle fois, APH réclame à l'exécutif un « choc d'attractivité » passant par l’octroi des quatre ans d’ancienneté aux PH nommés avant le 1er octobre 2020, une réflexion sur le temps de travail et son décompte, l’ouverture du chantier de la permanence des soins et l’introduction d’une « réelle démocratie » dans la gouvernance hospitalière.
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