Ce vendredi 7 janvier, à 14 h, une minute de silence sera respectée devant de nombreux hôpitaux français pour protester contre « la mort programmée de l’hôpital public » et celle de l’accès aux soins de qualité pour tous.
Initiée par des soignants alsaciens dans les hôpitaux de Strasbourg, Wissembourg Haguenau ou Colmar, puis reprise dans d'autres régions, cette action s’est étendue avec le soutien du collectif inter-hôpitaux (CIH) qui espère que « ce silence résonnera dans toute la France et sera chaque vendredi plus assourdissant ». Jusqu’à présent, « vacarme, casseroles ou manifestations bruyantes n’ont pas permis d’obtenir le soutien indispensable pour éviter l’effondrement de l’hôpital public », estime le collectif.
À la baguette de cette opération originale, le Dr Sébastien Harscoat, PH aux urgences et au Samu du CHU de Strasbourg. Contacté par « Le Quotidien », il considère que « l’implication physique et morale des soignants ne suffit plus » pour empêcher ou même retarder la catastrophe annoncée. Il a donc eu l’idée de cette minute de silence pour « alerter la population ».
Le prix de la pandémie ?
Pour le généraliste alsacien, il faut en priorité « ré-humaniser l’hôpital pour empêcher les soignants de partir », dans un contexte où de surcroît « les conditions de travail sont devenues insupportables ». Un phénomène qui s’est accentué depuis le début de la crise sanitaire. « Les soignants n’ont jamais cessé de soigner les gens durant la première vague, on a fait ce qu’il fallait. Et pourtant, les établissements ont perdu de l’argent en raison de nombreuses déprogrammations », constate le Dr Harscoat.
Le médecin est même persuadé que « les soignants paient le prix » de ce manque à gagner financier, car il faut « rééquilibrer les comptes des hôpitaux. Donc les directeurs vissent encore plus la vis pour réduire leur déficit, en supprimant par exemple les primes des soignants ». Pendant ce temps-là, les soignants continuent à faire le dos rond, « dans un système qui n’a plus de sens, qui est en train de brûler à petit feu l’hôpital », se désole le médecin.
Le Dr Harscoat milite pour que soignants et usagers participent à terme à cette minute de silence symbolique, chaque vendredi, pour « installer un rapport de force ». D’autant que « cela ne coûte pas grand-chose de faire une minute de silence, et que cela donne la possibilité à tout un chacun de s’engager sans manifester ».
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