489 lits dont 73 de soins critiques, 17 salles de bloc opératoire, une maternité dimensionnée pour 3 200 accouchements par an et des urgences générales et spécialisées pouvant recevoir 140 000 personnes par an, 90 % de chambres individuelles… Lancés en octobre dernier, les travaux de construction du bâtiment « Nouveau Lariboisière » doivent permettre de « rééquilibrer et de moderniser l’offre de soins dans le nord de Paris », explique au « Quotidien » Bénédicte Isabey, directrice des hôpitaux Lariboisière et Fernand-Widal (AP-HP). Il s’agit de la deuxième étape d’un projet de restructuration d’envergure — 400 millions d’euros investis par le CHU francilien — initié avec la reconstruction du « nouveau Morax » en 2020, un imposant bâtiment revêtu de tôles d’aluminium.
Édifiée en 1854, la partie historique de l’hôpital Lariboisière ne répondait plus aux besoins et normes de la médecine moderne. « Les activités étaient dispersées sur 30 bâtiments, y compris des activités complémentaires (plateaux techniques, soins critiques, urgences, blocs opératoires, maternité) », détaille Bénédicte Isabey. Le Nouveau Lariboisière regroupera toutes les activités d’hospitalisation et médicotechniques dans un même bâtiment. « Les unités seront organisées autour d’un noyau central : le poste de soins, poursuit la directrice de Lariboisière. Les chambres seront situées à proximité pour éviter de grands déplacements pour les équipes et les patients. »
Hospitalisation J zéro
Sur le plan architectural, le projet vise à ouvrir l’hôpital sur la ville, en faisant « une rupture avec l’ancien mur d’enceinte qui entourait et cloisonnait l’établissement », explique Morgane Tanquerel, la conductrice d’opération du projet à l'AP-HP. Les architectes ont également travaillé sur l’insertion dans la ville, avec une construction de faible hauteur qui vient prolonger l’espace urbain, ainsi que sur le confort du patient. « Le bâtiment sera parsemé de patios, d’espaces paysagers ou de terrasses », poursuit Morgane Tanquerel qui précise que les espaces intérieurs seront « très lumineux ».
L’objectif est également de transformer les modes de prise en charge, de « délivrer le juste soin dans le juste temps, pour éviter les périodes d'attente inutiles qui sont sources d’interrogation, voire d’agacement pour le patient », ambitionne Bénédicte Isabey. L’établissement développe déjà l’hospitalisation « J zéro » en chirurgie, qui consiste à faire entrer le patient à l'hôpital le jour même quand il n’a pas de bilan préalable à réaliser. Selon la direction de Lariboisière, plus de 40 % des séjours de chirurgie sont déjà réalisés en « J zéro ».
Les futurs locaux ont également été conçus en synergie avec le projet médical. Celui-ci se déploie autour de trois grands axes : soins ostéoarticulaires, critiques et neurosciences). À l’avenir, le premier s’articulera avec le service de médecine physique et réadaptation sur le site de Lariboisière. Quant au dernier, il regroupera toutes les compétences neuroscientifiques de l’établissement (neurochirurgie, ORL, neurologie vasculaire, maladie neurodégénérative, psychiatrie, addictologie, ophtalmologie, neuroradiologie…). Un projet d’envergure quand on sait que « Lariboisière est le deuxième hôpital neurologique d’Île-de-France, le seul établissement de la région disposant d’urgences neurologiques, ORL et céphalées », se félicite la Pr Claire Paquet, neurologue et représentante élue de Lariboisière. Une offre de soins en neurosciences qui accueillera bientôt deux nouvelles thématiques : l’épilepsie et la radiochirurgie. L’établissement collaborera également avec l’hôpital Saint-Louis dans le cadre de la prise en charge des métastases cérébrales.
Vaste institut de recherche
En outre, à moyen terme (horizon 2028-2029), l’établissement prévoit la création d’un grand département de rhumatologie. Une partie des activités de Fernand-Widal (médecine physique et réadaptation, psychiatrie, addictologie, etc.) seront transférées sur le site de Lariboisière. Le Nouveau Lariboisière permettra également de « libérer l’espace suffisant pour implanter un vaste institut de recherche », se réjouit Bénédicte Isabey. Une « recherche translationnelle qui ira du modèle expérimental (cellulaire, animal…) à la recherche clinique », résume la Pr Paquet qui ajoute que les HU pourront se déplacer facilement entre l’institut de recherche et leur service. Jusqu’à présent, ceux-ci avaient « un pied clinique à Lariboisière et un pied universitaire et scientifique à distance », précise la neurologue qui souhaite « développer le lien entre la ville et l’hôpital » pour « participer à la réorganisation de l’offre de soins de premier recours sur le territoire ».
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne