Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHAR-e) sonne l'alarme sur les conditions de travail des praticiens qu'il représente.
Selon une enquête* qui a traité 910 réponses de praticiens hospitaliers, 69 % des anesthésistes-réanimateurs constatent une dégradation de leurs conditions de travail depuis 5 ans. Près des deux tiers des PH dans cette spécialité envisagent de modifier leur activité professionnelle (dont 24 % pour partir vers le secteur privé).
La réglementation sur les horaires et la durée de travail reste au cœur de la problématique de la spécialité. Parmi les 75 % d'anesthésistes en temps continu effectuant du temps de travail additionnel (TTA), 46 % estiment que ce TTA est « contraint ». Et 70 % des anesthésistes n'ont pas de contrats individuels de temps de travail additionnel, « ce qui est illégal ». « Un contrat doit être signé avec la direction de l'hôpital et le chef de service pour autoriser un praticien à réaliser un temps de travail additionnel. Il arrive dans le cas d'imprévus que rien ne soit signé mais ces situations se sont malheureusement multipliées », explique au « Quotidien » le Dr Michel Dru, président du SNPHAR-e. Résultat : « Un quart des postes d'anesthésie-réanimation sont vacants en France », se désole-t-il.
Les internes seniorisés avant l'heure
L'enquête traduit l'intensification du travail et un manque chronique d'effectifs. Ainsi, 78 % des anesthésistes-réanimateurs déclarent travailler dans des services en sous-effectifs.
Entre 30 et 50 % des anesthésistes sont dans des services ayant recours à l'intérim externe dont 22 % régulièrement. La « seniorisation » des internes se banalise dans cette discipline. Ainsi 18 % des jeunes médecins en formation sont seniorisés tous les jours et 19 % fréquemment, des chiffres qui grimpent à 28 % et 25 % dans les CHU. « Au départ, ces jeunes en dernière année d'internat étaient seniorisés la nuit lors de garde. Aujourd'hui ça s'étend à la journée », décrypte le Dr Dru. À titre d'exemple, 43 % des anesthésistes font faire des consultations pré-anesthésiques aux internes.
Risques
L'organisation se fait sur le fil du rasoir. 11 % des PH sondés travaillent systématiquement sur deux salles et 86 % travaillent dans des blocs où les dépassements sont monnaie courante. Une organisation d'autant plus compliquée que les tâches administratives (10 à 20% du temps évalué) grignotent l'activité médicale.
Dans ce contexte, 55 % des praticiens ont le sentiment de prendre des risques allant jusqu'à compromettre la sécurité anesthésique – lors de la consultation pré-anesthésique faute de temps, en raison de la surveillance de plusieurs salles, à cause des allers retours, etc.
L'intersyndicale Avenir Hospitalier (dont le SNPHAR-e fait partie) devait être reçu ce mardi au ministère de la Santé. Plusieurs revendications sont portées sur l'attractivité des carrières ou la reconnaissance de la pénibilité des gardes.
*Enquête réalisée en ligne entre le 6 et 26 novembre 2017 en ligne. 910 réponses reçues.
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