Comme chaque année à la même époque, le nouveau calendrier vaccinal vient d’être publié par la Direction générale de la santé (DGS). Pas de grandes surprises dans cette édition 2023 qui acte surtout des évolutions de la vaccination pédiatrique déjà promues par différents avis de la Haute Autorité de santé (HAS).
La vaccination antigrippale ouverte aux enfants
Ainsi, la nouvelle feuille de route confirme l’ouverture de la vaccination anti-grippale aux plus jeunes. Sans être obligatoire, cette vaccination peut désormais « être proposée (de façon annuelle) aux enfants sans comorbidité âgés de 2 à 17 ans révolus ».
Alors que les enfants d’âge scolaire constituent les populations les plus touchées par la grippe, cette vaccination vise à réduire la charge de la maladie dans ces tranches d’âge. Mais aussi, et peut être surtout, « à diminuer sa diffusion en population générale et protéger ainsi de façon indirecte les personnes les plus à risque », indique le Pr Daniel Floret, vice-président de la commission technique des vaccinations.
Comme l’avait préconisé la HAS début février, dans cette tranche d’âge, le vaccin intranasal Fluenz Tetra doit être privilégié « compte tenu de sa meilleure acceptabilité chez l’enfant ». En revanche, ce vaccin vivant, « ne doit pas être utilisé chez les enfants et adolescents immunodéprimés et ne doit être administré qu’avec précaution chez ceux en contact étroit avec des personnes immunodéprimées ». En cas d’indisponibilité (pour le moment, Fluenz Tetra n’est pas commercialisé en France), les quatre autres vaccins antigrippaux (Fluarix Tetra, Vaxigrip Tetra, Influvac Tetra, Flucelvax) ayant une AMM chez l’enfant peuvent être utilisés.
Le retour du vaccin anti-rotavirus
Le nouveau calendrier vaccinal entérine également le retour de la vaccination contre les rotavirus, désormais recommandée chez l’ensemble des nourrissons, selon un schéma vaccinal à deux doses (à 2 et 3 mois de vie) pour le vaccin Rotarix et à trois doses (à 2, 3 et 4 mois de vie) pour le vaccin RotaTeq. « Le strict respect de ce calendrier vaccinal est primordial afin d’assurer la complétude du schéma vaccinal avant l’âge limite (6 mois pour Rotarix et 8 mois pour RotaTeq) » souligne le document.
Pour mémoire, la vaccination des nourrissons contre le rotavirus avait déjà été introduite en 2013 dans le calendrier vaccinal français puis suspendue en 2015 suite à des cas d’invagination intestinale aiguë (IIA) post-vaccinaux, avant d’être réhabilitée en juillet 2022 par un nouvel avis de la HAS. « Désormais, nous disposons d’un recul important pour cette vaccination, qui est déjà recommandée dans de nombreux pays, avec la preuve à la fois d’une très grande efficacité (de l’ordre de plus de 80 % pour la prévention des formes graves) et d’une bonne tolérance, avec un risque certes réel mais extrêmement faible d’IIA », indique le Pr Floret.
Un calendrier à même d’évoluer
Actualité oblige, la vaccination anti-Covid et celle contre le mpox sont aussi mentionnées dans ce calendrier 2023 mais sans plus de détails. Pour ces deux infections, « les recommandations étant amenées à évoluer », les professionnels de santé sont invités à consulter régulièrement les sites du ministère de la Santé et de la HAS.
De même, « les recommandations vaccinales concernant les infections invasives à Haemophilus influenza de type b et à méningocoques sont susceptibles d’être modifiées en fonction de l’évolution du nombre de cas », anticipe la DGS.
Concernant les infections invasives à Hæmophilus, « il y a eu une augmentation qui pourrait remettre en cause le schéma vaccinal », précise le Pr Floret. Quant aux méningocoques, après un effondrement lié aux mesures barrières, on observe un rebond des infections invasives porté notamment par le sérogroupe W, « ce qui repose la question de la stratégie vaccinale et d'une éventuelle vaccination contre le méningocoque W ».
À noter d’ailleurs, au chapitre des nouveaux vaccins, l’arrivée du MenQuadfi, « qui complète l’offre de vaccination contre les infections invasives à méningocoques de sérogroupes A, C, W, Y ».
Quid de l'extension des compétences vaccinales ?
Enfin, le nouveau calendrier revient sur l'extension des compétences des pharmaciens, infirmiers et sages-femmes en matière d’administration mais aussi de prescription des vaccins. Si le principe a été acté par la loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2023, « les conditions d’application de ces nouvelles compétences (formation, traçabilité, …), ainsi que la liste des vaccins et le public cible pour chacune de ces professions de santé seront précisés par des textes réglementaires qui seront publiés dans le courant de l’année 2023 », précise le document.
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Cas clinique
L’ictus amnésique idiopathique
Étude et pratique
Complications de FA, l’insuffisance cardiaque plus fréquente que l’AVC
Recommandations
Antibiothérapies dans les infections pédiatriques courantes (2/2)