La dermatoporose est un concept nouveau, datant de 2007, proposé par deux dermatologues des hôpitaux universitaires de Genève, les Pr Saurat et Kaya (1). Les publications se multiplient sur ce sujet qui fut abordé au 18e Congrès de médecine générale France, où le Dr Delphine Villeneuve (Paris) a présenté un travail sur les liens entre dermatoporose et ostéoporose. La dermatoporose regroupe les manifestations cliniques et les complications fonctionnelles liées à une insuffisance cutanée chronique, avec cette idée d’une “fragilité” de l’organe peau.
► Son diagnostic s’appuie sur l’association de trois lésions cutanées : le purpura de Bateman, l’atrophie cutanée et les pseudo-cicatrices stellaires. Les premiers signes surviennent généralement vers 60 ans.
► Les complications sont l’exulcération cutanée, correspondant à un décollement dermo-épidermique consécutif à un traumatisme de la peau (souvent léger), et un hématome disséquant correspondant à une hémorragie non contenue entre deux plans superficiels (derme-hypoderme ; un hypoderme-fascia) pouvant être à l’origine d’une nécrose locale. Ces complications sont sources d’hospitalisations prolongées, parfois liées à des infections pouvant nécessiter l’intervention d’un chirurgien.
► Les facteurs favorisants connus d’une dermatoporose sont l’âge (> 80 ans), la photo-exposition, une corticothérapie prolongée (locale, systémique) et une carence en vitamine C, d’après un travail récent mené en dermatologie à Besançon (2). Des antécédents d’eczéma et de dermatite atopique favoriseraient aussi la survenue d’une dermatose.
► L’épidémiologie de la dermatoporose est peu connue. En 2011, une seule étude en milieu hospitalier gériatrique a mis en évidence une prévalence de 32 %. Les femmes seraient autant concernées que les hommes.
► Côté traitement, rien n’est encore véritablement validé, ni codifié. À titre préventif, il est recommandé de limiter l’exposition aux facteurs de risque : photo-exposition, corticothérapie. Des topiques à base de rétinaldéhyde et d’acide hyaluronique pour renforcer la densité cutanée apporteraient des résultats intéressants. Une étude (2) a montré l’effet d’une crème enrichie à 5 % en vitamine C sur le purpura de Bateman.
► La dermatoporose pourrait être considérée comme un marqueur de fragilité vis-à-vis de certains organes et tissus comme le rein (insuffisance rénale chronique) et l’os. Cela a été argumenté grâce à une étude prospective observationnelle multicentrique conduite par le Dr Delphine Villeneuve. Ce travail, qui a inclus 434 patients de plus de 50 ans consultant en médecine générale, a montré un lien statistique significatif et indépendant des autres facteurs (âge/sexe) entre dermatoporose et fracture majeure d’ostéoporose. Pour confirmer ce lien, d’autres travaux sont nécessaires.
1- Kaya G, Seurat J-H, Dermatology, 2007. 2- Humbert P et coll., European Academy of Dermatology and Venereology, 2017.
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