L'AAPMS étend son aide aux acteurs de santé en souffrance

Début 2019, une cellule d’accueil et d’orientation des soignants en difficulté

Publié le 17/12/2018
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 Dr Régis Mouries

Dr Régis Mouries
Crédit photo : DR

L’AAPMS (Association d’Aide Professionnelle aux Médecins et aux Soignants) a été créée fin 2004 par le Dr Régis Mouries à la suite du décès volontaire d’un confrère. « J’ai senti qu’il y avait un malaise dans notre profession et qu’il était nécessaire de mettre en place une structure dotée d’un numéro d’appel pour répondre à ce malaise », explique-t-il. « Il s’agissait de la première association de ce type qui s’adressait initialement aux médecins libéraux d’îIle-de-France. L’ARS Ile-de-France a été le premier financeur avec l’URPS Médecins. En 2014, le dispositif s’est étendu aux autres professionnels libéraux d’île de France : infirmiers, kinésithérapeutes, dentistes. Puis l’ARS Ile de France nous a sollicités pour prendre en charge les salariés y compris les internes. » Depuis 2018, à la demande du Conseil National de l’Ordre des Médecins, le numéro d’appel est devenu national. Plus récemment, l'association a reçu des subventions, développée des partenariats avec l’Ordre National des Infirmiers et de l’Ordre National des Masseurs – Kinésithérapeutes.

Une écoute empathique par des psychologues

Le dispositif concret d’écoute téléphonique, d’accompagnement et de soutien psychologique a été mis en place en 2005 (24 heures sur 24, 7 jours sur 7) afin, explique le fondateur « de soutenir les soignants rencontrant des problèmes psychologiques et des situations de fragilité liés directement ou indirectement à l’exercice de leur profession. »

Il prévoit, en premier lieu, l’assistance psychologique par téléphone, de façon anonyme et confidentielle, par le biais de psychologues diplômés et spécialisés dans l’aide aux soignants (Cabinet PSYA qui travaille en partenariat avec l’AAPMS depuis plus près de 15 ans). La gestion des urgences psychologiques avec un risque suicidaire est aussi l’une des missions de l’Association. Enfin, si nécessaire, les soignants peuvent être orientés vers un psychologue clinicien libéral ou toute autre structure ou réseau permettant une prise en charge adaptée.

L’équipe de psychologues cliniciens titulaires d’un master II de psychologie clinique bénéficie d’une supervision spécifique relative à la santé des soignants et inscrit au registre ADELI. Elle a bénéficié d’un parcours de formation continue interne et externe spécifique. Le cabinet PSYSA, spécialisé en prévention des risques psycho-sociaux et amélioration de la qualité de vie au travail, rend compte de son activité régulièrement à l’AAPMS. Une évaluation du dispositif est réalisée régulièrement « afin de disposer d’indicateurs pour garantir sa pertinence, » selon le Dr Mouries.

« Plusieurs évaluations ont été réalisées profession par profession, ce qui nous a permis de préciser la problématique individuelle : ainsi nous avons découvert par exemple que certains dentistes étaient en burn-out parce qu’ils ne supportaient plus de donner de la douleur aux patients, révèle le président de l'AAPMS.

Une cellule d’accueil et d’orientation début 2019

Avec le médecin coordinateur, le Pr Eric Galam, ils ont mis en place un DIU de soins aux soignants qui permet d’avoir des médecins référents en région pour prendre en charge les soignants. En 2018, l’AAPMS intervient dans toute la France, elle est soutenue par différentes ARS, « et nous avons fédéré l’ensemble des associations existantes – ASTRA, MOTS, ARENE, ARB… - qui ont intégré la plateforme téléphonique, » se félicite le Dr Mouries.

Cette plateforme va désormais devenir, début 2019, une cellule nationale d’accueil et d’orientation qui mettra en relation le soignant en difficulté avec des relais régionaux ou départementaux. Par le biais du numéro unique, le soignant en difficulté aura accès si besoin à un soutien psychologique, à des consultations médicales, à une hospitalisation (8 lieux d’hospitalisation possibles sur toute la France), à des assistantes sociales, aux Conseils Départementaux d’entraide du Conseil de l’Ordre des Médecins (pour le soutien financier), à des personnes-ressources à la CARMF (pour un éventuel rééchelonnement des paiements)…

Les appelants pourront être pris en charge en région par les médecins référents et bientôt par des tuteurs départementaux chargés du suivi. L’AAPMS assurera un coaching des soignants en difficulté avec une possibilité d’appels répétés des psychologues (jusqu’à 5) et des référents. Un contact en face-à-face sera possible si le médecin appelant en fait la demande.

Dr Isabelle Catala

Source : Le Quotidien du médecin: 9711