« La greffe utérine consiste à réaliser une transplantation éphémère. Le greffon est retiré après la grossesse pour limiter les complications graves liées au traitement immunosuppresseur ». C'est en effet une allotransplantation imposant un traitement immunosuppresseur similaire à ceux utilisés dans les greffes rénales.
Une procédure stricte
« Avant la greffe, les femmes sont soumises à un traitement de fécondation in vitro afin d’obtenir des embryons qui sont ensuite congelés. On s'est fixé une cible de 8 à 10 embryons avant d'envisager la greffe. Deux femmes en sont actuellement à ce stade dans notre étude », précise-t-il.
« Les greffons peuvent provenir soit d'une donneuse vivante, ne désirant plus d'enfants, soit de donneuses décédées ». En Suède où ont eu lieu les travaux les plus probants, il s'agissait le plus souvent de don mère fille. Dans cette série sur neuf transplantations, les résultats sont très bons avec deux explantations, l'une pour thrombose, l'autre pour rejet, cinq naissances et deux fausses couches. Soit un taux global de naissance de 50 %.
Néanmoins le prélèvement sur donneur vivant, invasif, est associé à un risque hémorragique et une morbimortalité non négligeable. Quand d'un autre côté le prélèvement sur donneur décédé impose un temps d'ischémie froide mais permet de planifier l'intervention. « À Limoges nous avons opté pour le prélèvement sur donneur décédé avec un temps d'ischémie froide inférieur à 8 heures ».
« En pratique, après la greffe, pour s'assurer de l'absence de rejet, on attend un an avant d'implanter un embryon. Pendant ce temps un dépistage du rejet est réalisé par biopsies répétées du col associé à une IRM de suivi. Le greffon doit être retiré en cas de rejet, complications mais aussi en cas de séparation du couple avant implantation vu la loi régissant les FIV », souligne le Dr Pivert.
« Au terme d'un an on transfère un embryon jusqu'à épuisement des stocks. Et en fin de grossesse, l'accouchement est réalisé sous césarienne programmée. On extrait l'utérus dans le même temps ou dans les huit semaines post-partum ».
Les femmes concernées
« La greffe utérine vise des femmes sans utérus ou utérus non fonctionnel, jeunes (25-35 ans) en bonne santé et en couple. Dans notre expérience, en France les principales demandes proviennent de femmes atteintes de syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH). Elles représentaient 75 % des 140 demandes qui nous ont été adressées (vs 10 % d'hystérectomie post-partum). Parmi elles, un quart avait un rein unique et 44 % avaient eu une reconstruction vaginale dont la moitié par colpoplastie qui constitue dans notre protocole une contre-indication à la greffe. Enfin parmi elles 14 % avaient déjà un enfant. Et l'accès au protocole est aujourd'hui réservé aux nullipares ». Les femmes jeunes nullipares en bonne santé sans utérus semblent en effet la cible à privilégier.
D'après la présentation du Dr Pascal Pivert (CHU de Limoges)
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