S’occuper des problèmes de santé rencontrés par les enfants qui voyagent dans les pays tropicaux et subtropicaux, telle est la vocation du groupe pédiatrie tropicale de la Société française de pédiatrie (SFP).
« Depuis 2005, nous proposons des recommandations à l’intention des pédiatres et des puéricultrices, des infirmières et des médecins qui voient ces enfants, soit à leur départ en voyage, soit à leur retour, explique le Dr Frédéric Sorge, pédiatre à l'hôpital Necker-Enfants malades et l'hôpital Robert Debré (AP-HP) et trésorier et membre de ce groupe de la SFP. Des ordonnances types et des algorithmes de prise en charge sont mis à disposition, ainsi que des fiches de conseils d’hygiène et de prévention sanitaire à transmettre aux parents. Plusieurs actualisations de ces documents ont eu lieu. L’année dernière, il a de nouveau été décidé de les étoffer et de les mettre à jour ».
Il s’agit de fiches synthétiques concernant la prévention des maladies les plus importantes : le paludisme (la plus grave), la diarrhée (la plus fréquente), celles qui peuvent être évitées par une vaccination et celles transmises par des vecteurs (moustiques, tiques…). Par exemple : une ordonnance standard « enfant voyageur », des ordonnances de prophylaxie antipaludique, ainsi que des conseils ciblés en cas de pathologies particulières, comme la drépanocytose, mais aussi pour les enfants expatriés ou voyageurs au long cours.
Sont également mis à la disposition des médecins des fiches d’information et des algorithmes décisionnels concernant la prise en charge, au retour de voyage, de la diarrhée, de la fièvre et de dermatoses et, durant le voyage, des envenimations.
Diarrhée de l’enfant voyageur
« Le risque de contracter une diarrhée en voyage est multiplié par près de 10 pour un enfant partant dans un pays subtropical par rapport à un autre restant en Europe, précise le Dr Sorge. Il s’agit donc d’un événement fréquent. Il est important que les parents puissent savoir que ce n’est pas forcément grave ». En revanche, il existe des critères de gravité qui doivent faire consulter sur place : nourrisson de moins de trois mois, enfant ayant une drépanocytose ou un déficit immunitaire, fièvre ≥ 39°C, présence de glaires ou de sang dans les selles, impossibilité de boire, déshydratation (muqueuses sèches, enfant adynamique), altération de l’état général ou diarrhée très productive pendant plus de deux jours malgré la réhydratation.
La plupart du temps, le traitement se limite à la réhydratation avec du soluté adéquat et ne nécessite pas de médicament particulier. Le racécadotril (Tiorfan) peut être utile pour les enfants de plus de trois mois. Les antibiotiques ne sont donc pas indiqués dans la diarrhée simple. En revanche, s’il existe des critères de gravité, le médecin sur place pourra éventuellement prescrire un antibiotique.
Si le voyage a lieu loin d’un accès médical (tour du monde…), une prescription antibiotique d'azithromycine à utiliser en cas de critères de gravité (cf. ci-dessus) pourra être donnée.
Paludisme de l’enfant
Depuis les dernières recommandations nationales de prise en charge du paludisme en France de 2017, la protection antivectorielle (moustiquaires imprégnées, vêtements longs et amples et répulsifs sur la peau) est systématique et privilégiée pour les personnes qui se rendent en Amérique tropicale et en Asie. Elle sera également utile en journée pour prévenir de la dengue, du chikungunya, du Zika, et le soir en Asie de l’encéphalite japonaise.
La prescription d’une chimio-prophylaxie antipaludique est, quant à elle, systématique pour les personnes qui partent en Afrique subsaharienne. Pour les enfants, on dispose de trois choix : l’atovaquone-proguanil, la méfloquine ou la doxycycline pour les enfants de plus de huit ans. Le choix sera fait en fonction des rares contre-indications, de la praticité de la prise et de la durée du voyage.
Hors Afrique, la chimioprophylaxie ne sera prescrite que dans le cas particulier de gens qui vont séjourner la nuit dans des zones à risque.
Vaccination
« Le voyage est l’occasion de mettre à jour le calendrier vaccinal, qui ne l’est pas dans près de 1/4 des cas », fait observer le Dr Sorge. Donc la consultation de pédiatrie du voyage permet de vérifier les vaccins obligatoires et de proposer ceux contre les pathologies auxquelles les enfants vont être exposés dans le(s) pays visité(s).
Pour certains pays, il existe d'autres vaccinations obligatoires, comme la fièvre jaune, qui a la particularité, depuis 2016, de ne nécessiter qu’une vaccination à vie, sauf pour les enfants de moins de deux ans (rappel avant dix ans). Autre vaccin préconisé pour les personnes allant dans les pays à niveau d’hygiène relatif : l’hépatite A, très fréquente, mais contagieuse et parfois grave.
D’autres vaccins peuvent être proposés : contre l’encéphalite japonaise pour les voyageurs se rendant dans certains pays d'Asie et contre la typhoïde également, qui se transmet par les aliments (repas hors du cadre familial, cuisine sans certitude sur le respect des règles d’hygiène).
Contre la rage, un vaccin à deux doses à sept jours d’intervalle est recommandé pour les gens allant dans une zone à risque, loin d’un centre de vaccination antirabique post-exposition (morsure). Enfin, un vaccin tétravalent contre la méningite à méningocoque est indiqué en cas de voyage dans des régions à risque (ceinture de la méningite en Afrique pendant la saison sèche, de janvier à mai).
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