Sujet de revendication des mouvements sociaux en Guyane en 2017, les soins et la santé apparaissent en amélioration sur de nombreux indicateurs, même si des progrès restent à faire, selon une série d’articles publiés dans le dernier Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH) de Santé publique France (SPF).
« Les inégalités de santé sont plus liées à l’accès à la prévention qu’à l’accès aux soins. En particulier pour les populations les plus vulnérables, il conviendrait de développer la médiation en santé », suggère, dans un édito, le Pr Gérard Bréart, professeur émérite de Santé publique (INSERM), en réponse au vécu de la population locale d’un déclin du système de santé.
Une espérance de vie à la naissance en augmentation régulière
Ce territoire est d’abord marqué par un déficit par rapport à la France en termes d’infrastructures, mais aussi en matière de densité globale des professionnels de santé. De nombreuses spécialités (neurochirurgie, radiologie interventionnelle et radiothérapie, notamment) n’y sont par exemple pas représentées.
Malgré ces déficits, des éléments factuels font état de certaines améliorations dans le « BEH ». L’espérance de vie à la naissance y est en augmentation régulière et atteignait 80 ans en 2015. Si elle reste inférieure à celle enregistrée en France (82 ans cette même année), elle est la plus élevée au sein de l’Amérique latine, dans laquelle le territoire est inclus géographiquement.
Une mortalité prématurée en baisse
La mortalité prématurée (avant 65 ans) apparaît plus élevée en Guyane qu’en métropole, mais elle diminue rapidement, suggérant que cette « différence pourrait disparaître dans une quinzaine d’années », souligne l’auteur de la publication, le Dr Mathieu Nacher, du Centre hospitalier Andrée-Rosemon, à Cayenne.
« Parmi les causes identifiées, les accidents, les affections dont l’origine se situe dans la période périnatale, les cardiopathies et pathologies cérébrovasculaires et les décès liés au VIH constituaient les causes principales de décès », poursuit-il. Ainsi, selon les définitions retenues, d’un tiers (33,9 %) à plus de la moitié (52 %) des décès serait évitable.
D’autres déterminants de santé apparaissent peu favorables. Si le tabagisme et la consommation d’alcool sont moins fréquents en Guyane qu’en métropole (12 % vs 28 % et 4,8 % vs 9,7 %, respectivement), l’obésité et la sédentarité y sont plus fréquentes (18 % vs 12 % et 25 % vs 22 %, respectivement).
Un taux de prématurité qui reste élevée
Autre indicateur alarmant, le taux de prématurité reste élevé. Établie à partir des données du Registre d’issue de grossesse informatisé (RIGI) 2013-2014 décrivant 12 983 naissances viables, la proportion de naissances prématurées atteignait 13,5 % (1 755 sur 12 983) et était plus fréquente dans l’Ouest Guyanais et les zones isolées.
Parmi ces naissances, on comptait 51,3 % de prématurités spontanées et 48,7 % de prématurités induites. L’absence de couverture sociale (seule 57,2 % de la population d’étude était couverte) et l’absence d’entretien prénatal augmentaient le risque de prématurité. Par ailleurs, « le poids du syndrome pré-éclamptique comme facteur de risque de la grande prématurité induite en Guyane semble nettement plus important qu’ailleurs pour des raisons qui restent méconnues », notent les auteurs d’une des études de ce BEH.
Un territoire encore très touché par le VIH et la tuberculose
Une autre de ces études rappelle que la Guyane « reste le département français le plus touché par le VIH ». Ce dernier est l’une des principales causes de mortalité prématurée sur le territoire d’outre-mer. Fait inquiétant, « malgré les efforts de dépistage, la part des infections diagnostiquées à un stade très avancé reste stable (30 % à Cayenne et 45 % à Saint-Laurent-du-Maroni) », soulignent les auteurs. Si les patients suivis en 2018 étaient à 91 % sous traitement antirétroviral, dont 94 % avec une charge virale indétectable, « il persiste un nombre significatif de perdus de vue », déplorent les auteurs, qui insistent également sur la « grande difficulté de toucher le réservoir caché », alors que « c’est là que se concentrent les enjeux de transmission, de morbidité et de mortalité ».
Une dernière étude s’intéresse à la lutte contre la tuberculose. Avec Mayotte et l’Île-de-France, la Guyane est l’un des territoires français où le taux de déclaration des cas de tuberculose maladie est le plus élevé. Il était, en 2017, de 32,5 cas pour 100 000 habitants, avec une concentration des cas à Cayenne et dans ses alentours. Ce taux est cinq fois supérieur à celui de la France entière (7,5 cas pour 100 000 habitants). La majeure partie des patients était originaire de Haïti. Le recours spontané aux soins était le principal contexte de diagnostic (85 % des cas sur la période de 2005 à 2017), « ce qui plaide pour un renforcement des actions ciblées de dépistage dans ces populations à risque », recommandent les auteurs.
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