À la veille de l'élection présidentielle, le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) s’est penché sur les propositions santé des candidats. Beaucoup sont jugées « floues ou utopiques » par l'organisation jeune qui en déduit que la plupart des postulants « ne connaissent manifestement pas le quotidien d'un médecin en ville ou à l'hôpital ».
Pour lutter contre les déserts médicaux, plusieurs candidats dont Emmanuel Macron (via un possible conventionnement sélectif en zone surdense) ou Yannick Jadot (obligation d'effectuer les deux premières années d’exercice dans les territoires sous-denses), envisagent de réguler peu ou prou l'installation des médecins. Or, pour le syndicat représentatif des jeunes généralistes (qui représente aussi les installés depuis moins de cinq ans et universitaires), cette idée de régulation « ne peut qu'être liée à la méconnaissance des réalités terrain ». Tout simplement parce qu’il n’y aura « pas de territoire suffisamment doté dans les prochaines années car il n’y a pas assez de médecins pour tous les Français », recadre sa présidente, la Dr Agathe Lechevalier.
Gardes obligatoires et centres fermés, à écarter
ReAGJIR fustige dans la même veine les candidats qui – comme Éric Zemmour ou Fabien Roussel – souhaitent rétablir un système de gardes obligatoires pour les généralistes ou imposer la réouverture de structures de proximité fermées (cliniques, maternités, centres de santé) pour du salariat ou des vacations. Faute de main-d’œuvre médicale, ces propositions ne sont guère réalisables, dès lors que les généralistes sont « déjà débordés », et sont de « moins en moins nombreux pour prendre en charge une population vieillissante et polypathologique », insiste la présidente de ReAGJIR. « Si les médecins gardent du temps personnel, c'est aussi pour ne pas finir en burn-out. Presser plus encore les généralistes est le meilleur moyen de les dégoûter de leur métier », résume la Dr Lechevalier.
Projet local et délégation de tâches
Quant à l’idée de faire appel davantage aux généralistes libéraux pour désengorger les urgences, elle se heurte, là aussi, à la pénurie de médecins dans de nombreux secteurs, si bien que « la médecine ambulatoire se porte aussi mal que la médecine hospitalière ».
ReAGJIR se montre plus clément envers les candidats qui proposent une réflexion locale et des modèles variés, adaptés aux besoins de chaque territoire. Construire un projet avec l'ensemble des acteurs du soin a « déjà porté ses fruits avec des initiatives locales qui ont rendu certains territoires plus attractifs, comme dans l'Aveyron », analyse la Dr Lechevalier, qui déplore que ces initiatives du terrain soient soutenues « à trop petite échelle ». Pour le syndicat, il faut pourtant « penser collectif et délégation de tâches » au niveau de chaque bassin de vie et de population, seule façon de « mieux prendre soin des patients, d'assurer une permanence des soins et de ne pas s'installer seul ».
Sur ces bases, le syndicat avance des propositions « concrètes et réalistes » dont « un vrai accompagnement » lors d'une installation en libéral, une « une meilleure protection sociale », une « garantie financière » en début de carrière, mais aussi « une plus grande délégation de tâches, un travail en pluriprofessionnalité et moins de tâches administratives ».
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