« C’est le moment de le faire, alors nous le ferons ». Alors qu'il décorait début septembre du plus haut grade de la Légion d'honneur, Line Renaud, militante de longue date du droit à l'assistance médicale pour mourir, le président de la République a affiché un volontarisme réformateur sur la fin de vie qu'on ne lui connaissait pas lors de son premier mandat. Certains y verront de l'opportunisme, alors que l'absence de majorité claire à l'Assemblée pousse l'exécutif à envoyer des signaux en direction notamment de la gauche de l'hémicycle et au-delà vers des électeurs que les sondages disent sensibles à la question. Les autres salueront au contraire la démarche d'un homme libre, à même de faire état enfin de ses convictions profondes, puisque désormais non soumis à l'épée de Damoclès de sa réélection.
PARTICIPEZ À NOTRE ENQUÊTE
Quoi qu’il en soit, voilà le débat sur le droit à une aide active pour mourir relancé, alors même que le Comité d’éthique et l’Ordre ont, pour la première fois, (entre)ouvert la porte au suicide assisté. Et le gouvernement a joint le geste à la parole, lançant dans la foulée une large consultation qui repose sur l’organisation d’une convention citoyenne, un travail avec un groupe d'élus du Parlement et un échange avec un groupe ad hoc de professionnels de santé. Le premier volet, grand public, a déjà été tenté il y a 9 ans, lors de la mission Sicard. Il devrait une fois encore se faire l’écho de l’inquiétude d’une partie de l’opinion quant à ses derniers instants et de son impatience à obtenir de nouveaux droits pour les patients. La consultation des parlementaires pourrait ensuite confirmer le souhait d’une majorité de députés d’aller plus loin dans le droit à l’euthanasie, alors que la proposition de loi d'Olivier Falorni avait bien failli être votée lors de la précédente législature. La députée Agnès Firmin Le Bodot – désormais ministre en charge du dossier — s’y montrant à l’époque elle aussi favorable.
Reste le plus délicat finalement : donner la parole aux professionnels de santé. Il est clair qu’il faudra au minimum obtenir la neutralité des blouses blanches sur le dispositif proposé. Dernière réforme de société touchant à la santé, l’élargissement de la PMA n'aurait sans doute pas été possible sans l'assentiment des gynécologues. Inversement, on peut se demander si l'hostilité des acteurs des soins palliatifs n’est pas pour quelque chose dans la circonspection des gouvernements successifs quant aux demandes répétées de légalisation de l’euthanasie. Dans la dynamique qui s’annonce, la voix des médecins devra donc compter. Et c’est pour qu’on les entende dans ce débat majeur que « Le Quotidien » lance cette semaine une grande enquête sur les soignants et la fin de vie. Merci d’y participer massivement. Plus vous serez nombreux à y répondre sur notre site internet et plus nous pourrons donner de l'écho à votre point de vue.
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