Il y a quinze jours, cette prouesse a été présentée comme une première mondiale. Et l’opération tenait effectivement de l’exploit. Le samedi 18 septembre à 10 heures, un avion atterrissait à l’aéroport d’Orly, au terme d’un vol médicalisé à basse altitude de plus de 22 heures depuis Papeete. À son bord, huit patients polynésiens, intubés et ventilés, tous atteints de formes sévères de Covid-19. Plus qu’une évacuation sanitaire, cette véritable réa en plein ciel, avait mobilisé une trentaine de soignants. La France montrait ainsi à ses ressortissants - et à la face du monde - qu’elle était prête à tout pour rendre effective une continuité territoriale qui, en période de crise sanitaire, doit se décliner d'abord au niveau de l’accès aux soins. Cocorico pour ce « pont aérien » ? Sans doute. Mais cette débauche exceptionnelle de moyens interroge aussi, tant elle en dit long sur la situation sanitaire de nos départements ultramarins et sur l'état de leurs infrastructures de soins.
Car les habitants de ces îles lointaines ne vont pas si bien. En tout cas, ils semblent cumuler les indicateurs défavorables par rapport à leurs compatriotes de métropole. La pandémie qui les frappe si fort éclaire d’une lumière crue le bulletin de santé de ces territoires d'outre-mer. En période ordinaire, s'y concentre déjà une part des problèmes sanitaires et sociaux de notre pays : avec des taux records de chômage, de délinquance, d’IVG, de polypathologies et d'obésité. Certains de ces particularismes expliquent en grande partie la violence de cette vague estivale. Alors que la métropole engrange des résultats encourageants sur le front épidémiologique, la situation toujours préoccupante de ces « France du bout du monde » vient donc rappeler aux décideurs et aux soignants que la mobilisation est toujours de mise, même si la menace se déplace.
La crise de là-bas est aussi une occasion de repenser aux grands défis qui se posent ici. Comme si la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, Mayotte ou La Réunion agissaient comme un condensé des problèmes auxquels est confronté l’ensemble de notre système de soins. Plus qu'ailleurs, on y manque de lits et de professionnels de santé. Ce constat est évidemment pour beaucoup dans la surcharge actuelle des établissements. Il doit amener à réfléchir sur la manière d’adapter nos infrastructures, vite et bien, aux situations exceptionnelles. La virulence de la crise en outre-mer pose également la question de la prévention et de la démocratie sanitaire, tant le faible taux de couverture vaccinale paraît avoir favorisé cette flambée. Le lien entre climat social délétère et résistance à la vaccination apparaît patent dans les îles. Mais c'est aussi une source d'interrogation pour l'Hexagone, où - même si la mobilisation semble faiblir - les militants anti-pass sanitaire n'ont pas dit leur dernier mot.
Exergue : Alors que la France engrange les résultats encourageants sur le front épidémiologique, la situation de l'Outre-mer vient rappeler que la mobilisation est toujours de mise
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