Beaucoup d’argent est consacré au traitement de l’insuffisance rénale dans notre pays. Plus de 70000 patients sont traités par dialyse ou greffe rénale. Le taux de prévalence est l’un des plus élevés d’Europe. Ce traitement est de haute qualité comme en témoigne la forte proportion de patients de plus de 75 ans. Le pourcentage de malades transplantés est également très élevé. La France figure parmi les pays européens ayant le taux de prévalence le plus élevé avec 532 greffés du rein par million d’habitants (pmh), derrière la Norvège (648 pmh), le Portugal (628 pmh), l’Espagne (579 pmh), les Pays-Bas (558 pmh), et la Suède (539 pmh). Il est inexact de dire que la France a pris du retard par rapport à d’autres pays. Elle fait partie des pays qui ont privilégié de longue date les transplantations à partir de donneurs décédés, à la différence des pays scandinaves qui ont privilégié les donneurs vivants dès les années 1970. Nous ne devons certainement pas regretter ces choix qui correspondent à la mentalité de notre population. Aujourd’hui, nous avons la volonté de développer encore plus la transplantation car il a été prouvé depuis une dizaine d’années qu’elle donne de meilleurs résultats que la dialyse, même pour les receveurs âgés et ayant des comorbidités. Le seul moyen d’augmenter la transplantation est d’avoir recours aux donneurs vivants. Cela nécessite un changement de mentalité des néphrologues et de la population. Il est en train de se faire.
Désaccord total
La Cour des comptes fait également des critiques sur l’organisation de la dialyse, soulignant que les établissements privés lucratifs de dialyse ont un taux de rentabilité économique élevé. Il serait donc possible, selon le rapport, de diminuer les tarifs de remboursement des séances de dialyse. Nous sommes en total désaccord avec ces conclusions. Ces taux de rentabilité élevés ne concernent qu’une minorité d’établissements. Nous demandons que l’analyse des taux de rentabilité soit faite aussi pour les établissements privés non lucratifs et publics. Pour évaluer le taux de rentabilité d’un établissement, il faut aussi tenir compte des prestations offertes aux patients. En effet, le coût de fonctionnement peut être modifié par plusieurs caractéristiques du traitement :
-Le nombre de séances réalisées par poste. Certains établissements réalisent trois séances de dialyse par jour et par poste, alors que d’autres n’en réalisent que deux. Ces derniers sont moins rentables mais ont plus de latitude pour réaliser des séances plus longues pour les patients qui le nécessitent.
-Les plages horaires d’ouverture. Ici encore, les établissements ayant des durées d’ouverture plus longues sont moins rentables mais ont plus de latitude pour adapter les durées de dialyse aux besoins de leurs patients.
-Les soins de support. Ils comprennent la fourniture de repas ou de collations, la présence d’un diététicien, d’un assistant social et d’un psychologue. Ces soins de support sont réalisés de façon très variable d’un établissement à l’autre.
-Les unités de dialyse proximité. Certains établissements maintiennent ce type d’unités dans des régions peu peuplées. Ces unités rendent de précieux services aux patients, mais elles sont souvent de petite taille et fonctionnent à perte.
Pour terminer, nous rejoignons la Cour des comptes sur certains points : la dialyse péritonéale n’a pas été développée en France. Une prise de conscience de la profession est indispensable sur ce sujet. La prise en charge de l’insuffisance rénale avancée n’est pas bonne. Si nous voulons greffer davantage avant le stade de la dialyse, développer la greffe à partir de donneurs vivants, et retarder au maximum le passage en dialyse, il faut valoriser très significativement la prise en charge de l’insuffisance rénale avancée avant le stade de la dialyse. Cette politique optimisera le traitement de nos patients et génèrera de larges économies en diminuant le nombre de patients dialysés.
CHU de Marseille
Vice-Président Dialyse de la Société Francophone de Néphrologie Dialyse Transplantation
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