Les génériques ce n’est pas encore automatique. Pour rassurer les patients sur l'usage et doper la prescription des médicaments génériques par les médecins, la ministre de la Santé a lancé une campagne d'information « Devenir générique ça se mérite ».
« En 2016, le taux de prescription dans le répertoire des médicaments génériqués est de 44 %. Nous sommes en progrès, mais nous restons derrière nos voisins européens », a souligné Marisol Touraine, lors de la présentation de cette campagne. Les efforts doivent se poursuivre afin d'atteindre le nouvel objectif fixé à 50 % en 2017.
Niveau de confiance des généralistes de 6,6 sur 10
Selon une enquête BVA*, 8 Français sur 10 utilisent les médicaments génériques et 93 % en sont satisfaits. Néanmoins, l'information des professionnels de santé et des patients « peut progresser », a estimé la ministre. Si le niveau de confiance est élevé (8,7/10) chez les pharmaciens, les médecins généralistes sont un peu moins convaincus par les copies (6,6/10). Seuls 47 % des généralistes savent qu'il existe des génériques anticancéreux et 29 % déclarent savoir que les excipients n'ont pas d'impact sur l'efficacité du médicament.
« Il y a un travail de pédagogie à faire avec les médecins généralistes afin qu'ils soient plus proactifs et pour lutter contre les idées reçues, explique le Pr Pierre-Louis Druais, président du Collège de la médecine générale (CMG). Les jeunes médecins prescrivent plus spontanément. De nombreux logiciels permettent de prescrire en DCI, mais pas à l'hôpital. »
La prescription de génériques est l'une des orientations prioritaires du développement professionnel continu (DPC). Le Collège de la médecine générale a rédigé cinq mémos (téléchargeables) sur la bioéquivalence, la sécurité, le contrôle, l'efficacité et tolérance qui ont déjà été remis à des médecins lors de visites de délégués de l'assurance-maladie.
Le NS encouragé par les patients
D'autres freins ont également été relevés par le Pr Druais, notamment sur l'usage de la mention « non substituable (NS) ». Les résultats de l'enquête montrent que cette mention NS est encouragée « par l'attitude des patients ». 13 % des sondés déclarent en avoir fait la demande. Ce chiffre augmente de six points chez les malades chroniques. « Il y a la pression de patients. Pour certains médecins, il est difficile de dire non aux patients », détaille le président du CMG. « À terme, notre objectif est que les NS s'approchent de 0 », précise-t-il.
Du côté des généralistes libéraux, le président des Généralistes-CSMF, le Dr Luc Duquesnel s'est montré frileux sur cette nouvelle campagne. « Quelques génériques provoquent des réactions secondaires où sont de moindre efficacité. Les pouvoirs publics ont parfois un manque de transparence sur le suivi de génériques conduisant à un manque de confiance des généralistes. Cela discrédite l'ensemble des génériques », déclare-t-il.
A contrario, Erick Roche, président de l'association du GEMME (Générique même médicament) a accueilli favorablement cette campagne « très attendue » et « indispensable pour renforcer l'adhésion des patients et des professionnels de santé ». Actuellement, le générique « reste largement sous-utilisé », déplore-t-il. La campagne « ne lèvera pas tous les freins mais elle devrait y contribuer ».
*Enquête réalisée par téléphone en février 2016 auprès de 1 005 personnes, 500 médecins généralistes, 500 pharmaciens selon la méthode des quotas.
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