LES JOURS du Centre national audiovisuel en santé mentale (CNASM) sont peut-être comptés. Et cela semble bien dommage, manifestement. Dommage pour la communauté des professionnels de la santé mentale qui bénéficient de son fonds remarquable de documents : un catalogue de 400 films, dont 82 qui ont été primés et qui s’enrichit de 6 nouveaux films réalisés par le centre lui-même chaque année.
L’histoire du CNASM est aussi celle du Dr Alain Bouvarel, pédopsychiatre. En 1977, alors qu’il animait un ciné-club, l’idée lui est venue de créer un festival, le premier du genre, festival de film psychiatrique au sein même de l’hôpital spécialisé. « C’était un peu conçu au départ comme un pied de nez, mais nous nous sommes rendu compte que nous répondions à un besoin. Nous recevons de 3 000 à 4 000 personnes chaque année ! », se félicite le Dr Bouvarel. Ainsi naquit le « festival international ciné-vidéo-psy », qui anime les murs de l’hôpital de Moselle depuis 34 ans.
Production, réalisation, distribution.
Face au succès constant du festival, et avec le soutien de Simone Veil, alors ministre de la Santé, a été conçu en 1995 le centre audiovisuel, dans « un souci de communication en santé mentale ». Le centre produit mais aussi réalise des documents audiovisuels, parfois en partenariat avec l’hôpital Rivières-des-prairies du Québec, notamment pour la collection « Un entretien avec »(26 minutes passées avec les personnalités les plus compétentes), ou encore avec l’Institut européen du cinéma et de l’audiovisuel. Il répond aussi à des commandes d’établissements publics de santé. Ses acheteurs, ce sont notamment les bibliothèques, les instituts de psychologie, les écoles d’infirmières... Le centre organise également des séminaires, toujours en privilégiant le support audiovisuel. Et puis bien sûr, il organise le festival, annuellement.
Pourtant, malgré l’utilité largement démontrée du centre, son avenir semble compromis. Il y a dix ans, raconte le Dr Bouvarel, l’hôpital, alors que le ministère de la Santé décidait de couper ses subventions, a exigé un statut associatif. « Aujourd’hui, malgré une excellente gestion, nous accusons un déficit de 30 000 euros », peste le psychiatre, président de l’association Festival Psy. Son propre mi-temps est financé par l’ARS (Agence régionale de santé), la vente des films apporte quelques ressources supplémentaires. Mais ces dernières ne suffisent pas pour assurer les trois autres emplois. « Je ne peux assumer une association d’utilité publique sur l’autel des restrictions budgétaires », enrage encore le Dr Bouvarel. Ministère, ARS et région Lorraine, chacun semble se lancer la balle. Depuis juillet, c’est le « black-out » au cabinet de Roselyne Bachelot, regrette le Dr Bouvarel.
Dans l’attente d’un rendez-vous avec la ministre, le Dr Bouvarel et son équipe ont lancé une pétition à son attention. Sans réponse, ils devront se tourner vers le juge administratif pour redressement judiciaire. La pétition est disponible sur le site du CNASM : http://cnasm.fr
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