Quelques mois après le début de l'épidémie, le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-Syndicat, sort « Le scandale des soignants contaminés », récit de la crise sanitaire où il reprend une partie de ses interventions et coups de sang médiatiques – sur Twitter où il compte 29 000 abonnés, sur les plateaux télévisés ou sur RMC en tant que chroniqueur des « Grandes gueules ».
Le livre, sorte de carnet de bord retravaillé et éditorialisé, pointe les couacs de l'administration. Doctrine du port du masque, tenue des élections municipales, confinement, manque de tests, décès en série dans les EHPAD, distribution chaotique des équipements de protection pour les soignants… Les différentes étapes de la crise sont abordées de façon chronologique, chapitre après chapitre.
Le généraliste de Fronton (Haute-Garonne) n'y cache pas son amertume et dénonce un système de santé trop administré, centré sur les économies. « Par son pouvoir de désorganisation, le Covid-19 fait apparaître la réalité fragile d'un système sanitaire qui a éliminé le soin de son pilotage et a livré ce dernier à des commandeurs sans grade et sans formation. À des obéisseurs interchangeables, prenant leurs ordres auprès d'un ministère sans pouvoir autre que celui donné par Bercy… », fustige le Dr Marty pour évoquer la décision de confinement, conséquence de « l'absence de moyens de protection suffisants et de tests en nombre ».
Propositions pour le « monde d'après »
Le syndicaliste reproduit des témoignages de soignants (médecins, infirmiers, dentistes ou kinés) qui, en première ligne, ont fait les frais des décisions haut placées. « Tellement accaparé par les soins et habitué à gérer la pénurie, j'ai tenu bon, témoigne ainsi un généraliste, obligé de mettre ses quelques masques FFP2 au four à 70 °C pour les désinfecter. Mais j'ai perdu complètement confiance en nos dirigeants. » « Ne pas avoir pris soin de ceux qui prennent soin », l'une des plus grandes « fautes » de la gestion de la pandémie selon le Dr Jérôme Marty.
En point d'orgue de son récit, le médecin appelle les dirigeants « au courage de la page blanche » et dresse une quinzaine de priorités pour le monde d'après. Parmi celles-ci, ne plus lier le soin à l'économie et les tarifs à l'ONDAM [dépenses annuelles de santé, NDLR], faire confiance aux soignants, développer une vraie politique de gestion des stocks, faire de la gériatrie une filière d'excellence ou donner plus de place aux médecins libéraux.
« Le scandale des soignants contaminés » du Dr Jérôme Marty, Flammarion, 325 p., 19 €
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