LE TON CALME ET POSÉ cache difficilement l’incompréhension et l’amertume. Thierry Beaudet, président de la Mutuelle générale de l’éducation nationale (MGEN), est sorti de son silence pour dénoncer la hausse de la taxation des complémentaires et pour répondre aux critiques autour d’un « pactole des mutuelles ». Chiffres à l’appui, il présente sa « vérité » sur la situation économique de la MGEN. Créée en 1946, assurant la couverture santé de près de 3 millions de personnes, la MGEN a la réputation d’être la plus robuste des mutuelles. La hausse des taxes a toutefois le don d’exaspérer son président. « Ce n’est pas un simple mouvement de mauvaise humeur, comme l’a indiqué le ministre de la Santé, déclare Thierry Beaudet. Il n’y a pas un pays où un pan de l’économie a subi une telle hausse des taxes en si peu de temps ».
Depuis la première contribution des complémentaires santé sur la CMU fixée à 1,75 % en 2004, la situation a changé. La taxe CMU a été progressivement portée à 6,27 % en 2011. Avec le plan de rigueur présenté début septembre et le passage de 3,5 à 7 % de la taxe spéciale sur les conventions d’assurance (TSCA), les complémentaires seront désormais sollicitées à hauteur de 13,27 % de leur chiffre d’affaires, chaque année. « Le montant de l’ensemble des taxes représentera environ 150 millions d’euros en 2011 et 200 millions d’euros en 2012 », précise Thierry Beaudet.
Spoliation.
Pour le patron de la MGEN, la situation devient alarmante : « La santé, comme l’éducation, est un droit que chaque pays doit à ses citoyens et cette taxe sur la maladie me paraît inacceptable. Ce plan de rigueur s’est transformé en plan d’attaque contre les mutuelles ». Avec des conséquences sur l’accès aux soins. « Quand on nous taxe, on renchérit le coût d’acquisition d’une complémentaire santé, ajoute Thierry Beaudet. La situation devient de plus en plus critique ». Depuis 2004, avance-t-il, la MGEN n’a procédé qu’à une seule augmentation de 15 % ses contrats en 2010. Pour 2012, le président a proposé à son conseil d’administration de répercuter « toute la taxe mais rien que la taxe de 3,5 % » sur les cotisations.
Las d’entendre les rumeurs sur le « pactole caché des mutuelles », Thierry Beaudet joue carte sur tables. « Les fonds propres de la mutuelle se chiffrent à 1,75 milliard d’euros et les fonds propres libres à 1,4 milliard d’euros. Cela représente environ 491 euros par personne protégée. Ce n’est même pas le coût d’une prothèse dentaire ou d’un équipement d’optique ». Dans ces conditions, lorsqu’on évoque l’idée de députés UMP de taxer les réserves excessives des mutuelles, Thierry Beaudet crie à la « spoliation ». « Ces réserves sont le bien commun indivisible de l’ensemble des adhérents, une garantie contre la crise boursière et les risques à long terme ».
Pour encadrer les dépassements d’honoraires des chirurgiens, anesthésistes, obstétriciens, la MGEN est prête à discuter du secteur optionnel mais reste prudente. « Si l’objectif est de diminuer les dépassements appliqués sans tact ni mesure, je trouverai des vertus au secteur optionnel. Si c’est juste un élément de rémunération supplémentaire pour les médecins de secteur I, nous ne serons pas d’accord », conclut Thierry Beaudet.
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