Répondre aux besoins de santé de la population nécessite « des choix politiques urgents », a estimé ce mercredi la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité (CNCDHMP) qui a dévoilé son plan concerté de mesures. La première d'entre elles consisterait à associer aux prises de décisions les représentants des usagers, des élus et les personnels sur le plan local.
Objectif : mieux répartir les professionnels, « en fonction des besoins des populations et non par la mise en concurrence des hôpitaux publics et privés à but lucratif ». Pour remédier au manque de personnel soignant, il faut également développer au plus vite les formations aux métiers de la santé, du médico-social et de la psychiatrie, appelle l'organisation qui souhaite « mettre fin aux quotas officiels ou officieux en donnant des moyens aux universités et écoles professionnelles ».
Trésorier de la Coordination et PH retraité, le Dr Jean-Luc Landas considère que « rien n’a été fait » depuis trois ans par le gouvernement pour accélérer la formation des paramédicaux. Et d’ajouter : « le ministre de la Santé dit qu’on ne peut pas inventer les médecins. Oui, mais on peut créer les conditions pour en former plus, ce qu’il ne fait pas. » Une analyse partagée par Guillaume Grandjean, également membre de la CNCDHMP, convaincu qu’il faut non seulement « former suffisamment de médecins » mais aussi « faire en sorte derrière que ceux-ci aillent s’installer dans les bassins de vie en carence ».
Réguler l'installation des médecins
Or pour assurer une répartition plus égalitaire des professionnels sur le territoire, la Coordination plaide pour la mise en place d'une régulation à l'installation des médecins, dans le public et le privé. Selon elle, « la liberté d’installation s’arrête là où commence l’intérêt général », l’État doit donc « jouer son rôle pour mettre fin à la mise en concurrence des territoires » et réorienter les nouvelles installations dans les régions sous-denses. Pour ce faire, elle plaide, par exemple, pour un service public de soins primaires qui s’appuiera notamment sur un maillage territorial en centres de santé pluridisciplinaires.
Dans le même ordre d'idées, la Coordination veut aussi rétablir l’obligation de la permanence des soins pour tous les médecins. Pour justifier cette revendication, la Dr Michèle Leflon, présidente de la Coordination, donne l’exemple d’urgentistes ayant quitté l’hôpital de Troyes pour installer un service d’urgences privé ouvert jusqu’à 20 heures. Problème, selon la PH retraitée : « les médecins qui restent à l’hôpital de Troyes ont plus de nuits et de dimanches à faire », si bien que certains seraient tentés d’aller travailler dans le privé.
Le Dr Jean-Luc Landas est du même avis : « la suppression de l’obligation de garde pour les médecins aboutit à la fuite des médecins des hôpitaux publics ». Et de citer à son tour l’exemple de l’hôpital de La Roche-sur-Yon (Vendée) où quatre urgentistes seraient partis pour ouvrir un centre de soins non programmés dans une clinique nantaise. Leur principal argument ? « Après 18 heures on ne travaille plus, et on gagne autant qu’un PH en fin de carrière », croit savoir le Dr Landas. Une distorsion qui participe selon la coordination à construire un système à deux niveaux : « D’un côté la médecine du pauvre, de l’autre, la médecine de ceux qui auront les conditions et les moyens de se faire soigner. »
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