La Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD) s'inquiète de l'avenir de ces établissements dans un contexte de départs massifs à la retraite de médecins spécialistes de la douleur.
En France, 245 structures spécialisées dédiées à la prise en charge de la douleur sont labellisées par les agences régionales de santé (ARS) – 30 % sont des centres, le reste de l'offre se déclinant sous forme de consultations pluridisciplinaires réparties sur l'ensemble du territoire. Généralistes, anesthésistes et neurologues sont les principaux spécialistes consultés dans ces structures. « Ce maillage territorial est unique en Europe mais nous sommes très inquiets pour l'avenir, souligne la Pr Valeria Martinez, présidente de la SFETD. De nombreux médecins partent à la retraite – un quart des praticiens dans les 5 ans – et les structures spécialisées dans la douleur sont très petites ».
Délais d'attente
Déjà, les délais d'attente pour accéder à cette prise en charge s'allongent – de trois mois à un an, selon les régions. « Et depuis 2010, nous ne bénéficions plus de plan douleur en France. Le quatrième n'a jamais vu le jour », déplore la Pr Martinez.
Dans ce contexte, la SFETD a mené une enquête démographique, au dernier trimestre 2021, pour mieux caractériser ces structures et leur mode de fonctionnement. Les trois quarts d'entre elles sont présentes dans les établissements publics, quelques-unes sont implantées dans les centres de lutte contre le cancer. « Les structures privées restent rares », note la Pr Martinez.
Offre hétérogène
Plus de la moitié des structures prennent en charge des douleurs mixtes (cancéreuses et non cancéreuses) – seules 7 % traitent uniquement des effets du cancer et un tiers sont dédiées aux douleurs chroniques non cancéreuses. La majorité prennent en charge des adultes et seules 6 % bénéficient d'une activité pédiatrique.
« L'enquête révèle que le nombre de médecins spécialisés dans la prise en charge de la douleur est de 0,59 (équivalent temps plein, ETP) pour 100 000 habitants en France », indique la Pr Martinez. Surtout, il existe une hétérogénéité de l'offre médicale d'un territoire à l'autre – les régions sous-dotées étant le Centre-Val de Loire, le Grand Est et les Hauts-de-France. À l’inverse, les régions les mieux dotées sont l'Ile-de-France, la Normandie et les Pays de la Loire.
Les besoins ne sont pas couverts. « Un médecin (ETP) voit à peu près 1 000 patients par an. Compte tenu de la démographie actuelle, de nombreux patients ont des difficultés pour accéder à une prise en charge correcte de leur douleur. Et l'offre actuelle permet de couvrir seulement 1,4 % des patients douloureux chroniques », affirme la Pr Martinez. Ces disparités d'accès sont aussi prégnantes pour les psychologues et les infirmiers spécialistes de la douleur.
Pérenniser les structures
La SFETD souhaite en premier lieu « pérenniser » les structures douleur pour répondre aux besoins croissants des patients douloureux chroniques, de plus en plus nombreux. Il est aussi urgent de créer des postes pour les jeunes médecins afin de remplacer les départs à la retraite de leurs aînés. Autre combat, la reconnaissance de la médecine de la douleur comme une spécialité d'internat via la création d'un DES.
Le développement d'un répertoire national de la médecine de la douleur et des réseaux qui s'y rattachent est un autre enjeu. « Depuis quatre ans, nous menons des actions politiques en ce sens, assure la Pr Martinez. 20 postes de professionnels de santé et d'assistants douleur nous ont été accordés pour pérenniser ces structures. La SFETD participe également aux travaux de refonte du système de santé, nous souhaitons notamment intégrer le dépistage de la douleur dans le cadre des futures consultations de prévention aux trois âges clés de la vie et favoriser la reconnaissance des infirmières ressources douleur »
D'après une conférence de presse réalisée en partenariat avec la Fondation Apicil, à l'occasion du Congrès National de la Douleur organisé par la SFETD, qui s'est tenu du 16 au 18 novembre à Lille Grand Palais.
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