Sous les lustres de la salle des fêtes de la mairie du 12e arrondissement, de petits groupes d'une dizaine de personnes — usagers, professionnels de santé libéraux et hospitaliers, représentants de la ville, de l'Assurance-maladie, des établissements — sont assis autour de grandes tables. Ici, on réfléchit à améliorer l'accès aux soins des personnes atteintes de troubles psychiques, là ce sont les personnes âgées et précaires, plus loin celles en situation de handicap ou les enfants. Une seconde session d'ateliers planche sur l'attractivité de la capitale.
Discussions, argumentations, parfois entrecoupées d'éclats de rire ou de voix, puis rédaction studieuse sur de petits post-it bleus, jaunes ou roses : à chaque fois, le déroulé des ateliers du CNR santé, pilotés par l'agence régionale de santé (ARS), est le même. Si toutes les propositions sont bienvenues, « une seule idée » doit émerger par thématique, pour être présentée devant le ministre de la Santé François Braun et la directrice générale de l'ARS, Amélie Verdier. Ensuite, ce sont les agences qui compileront les « pépites locales remarquables », avant la restitution finale en janvier.
À ce jour, confie l'entourage de François Braun, « 200 réunions ont été organisées ou programmées » et Ségur vise « 300 concertations territoriales » d'ici à la fin de l'année. Le principe est connu : associer systématiquement des professionnels de santé, des citoyens — officiels et « sans casquette », insiste le cabinet du ministre — des élus et l'État (l'ARS et le préfet étant aux manettes). Quatre thématiques sont abordées de façon obligatoire dans ces CNR délocalisés : l'accès au médecin traitant, l'organisation de la permanence des soins (ville et hôpital), l'attractivité des métiers et la prévention.
Astreinte téléphonique psy
Ce jour-là à Paris, concernant l'accès aux soins des personnes avec un trouble psychique, c'est la mise en place par les conseils locaux de santé mentale d'une astreinte téléphonique territoriale assurée par un psychiatre (libéral ou hospitalier) qui est retenue. Cela limiterait le recours aux urgences psychiatriques, explique Emmanuelle Rémond, déléguée de l'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam), chargée par son groupe de porter cette idée. « Les CPTS pourraient être impliquées dans cette action. Parmi les difficultés, il y aurait à lever celle du financement de ces temps des psychiatres volontaires assurant l'astreinte », précise-t-elle.
Le décloisonnement de l'exercice entre la ville et l'hôpital est avancé par un autre groupe pour mieux suivre les parcours des patients parisiens. « Cela permet aussi de redonner du sens aux métiers soignants et donc de favoriser leur attractivité », éclaire la Dr Jeanne Villeneuve, directrice médicale du centre de santé Richerand (Paris 10e). D'autres pistes fortes émergent comme l'intérêt des médiateurs en santé ou l'accompagnement des soignants en matière de logements dans ce département où le coût de l'immobilier est dissuasif. Présent à la restitution des travaux parisiens, François Braun souhaite « acheter » ou « reprendre », a-t-il répété à plusieurs reprises, ce qui pose la question du financement.
Selon le ministère, une remontée des CNR territoriaux est attendue mi-décembre et un premier budget de « 30 millions d'euros » sera dégagé au sein du FIR (fonds d'intervention régional) pour accompagner certaines initiatives locales en 2023. Le grand brainstorming continue.
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