Après une longue attente, voilà donc le pôle social du gouvernement en ordre de bataille. Deux ministres pour l'autonomie et le handicap, deux pour la santé : ce renouvellement complet avenue de Ségur est d’abord fait pour incarner la volonté réformatrice de l’équipe Borne sur ce versant. Il y a du pain sur la planche, pour donner le change à une opposition parlementaire très sensible sur les questions de solidarité et afin de montrer à l’opinion que la feuille de route de ce nouveau mandat – loin de se résumer à un programme de libéralisme économique — prendra aussi en considération les aspirations « des gens ».
Concernant la santé, le montage opéré est révélateur aussi d'une détermination à avancer vite sur les principaux dossiers du moment. À commencer par le choix surprise du Dr François Braun pour tenir la boutique. Sa première tâche va évidemment consister à mettre en pratique les 41 préconisations faites la semaine dernière par sa mission flash pour sauver des urgences au bord de l’asphyxie. Il lui faudra aussi gérer le retour de la pandémie, alors que la 7e vague pèse sur les hôpitaux. Mais l'ex patron des Samu ne devra pas se consacrer uniquement aux dossiers brûlants. Comme l’indique la définition de son portefeuille, il lui reviendra aussi d’orchestrer le virage de la prévention. Ou comment transformer un système de soins en un véritable système de santé. Il sera donc épaulé par une ministre déléguée, Agnès Firmin Le Bodo, dont l’intitulé – organisation territoriale et professions de santé — en dit long aussi sur ce qui devrait être une autre priorité du quinquennat : les déserts médicaux.
Face à l’immensité de la tâche, ces ministres en mission vont devoir travailler de concert. Ils s'y mettent déjà en recevant ensemble les blouses blanches. Par le passé, ce type d’attelage n’a pas toujours été si harmonieux, l’un vampirisant parfois l’autre ou les deux tirant à hue et à dia. Mais parions que vu les circonstances et les personnalités ces deux-là devraient bien s'entendre. L’un est chef de service hospitalier en Lorraine : c'est le profil d'un spécialiste, qui n’a jamais vraiment songé à devenir ministre. Il ne s’est rapproché de la macronie que par le biais des circonstances sanitaires, face à la pandémie de Covid. L’autre est pharmacienne, mais depuis longtemps investie en politique, à LR, puis à Horizons, le parti d’Édouard Philippe. Elle connaît bien mieux que son ministre de tutelle les arcanes de la vie parlementaire. Une expérience évidemment très utile, surtout dans un contexte de majorité relative qui devrait amener l’avenue de Ségur à naviguer à vue pour faire passer ses projets. On verra très bientôt - dès la présentation du prochain PLFSS — si le nouveau « couple » fonctionne. Leurs différences — évoquées comme un atout par le Messin lors de la passation de pouvoirs — devront être mises à profit pour mener à bien la transformation du système de soins. À condition de jouer la complémentarité plus que la concurrence.
Exergue : Ces deux ministres en mission vont devoir très vite apprendre à travailler de concert.
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