Confrontés à une démographie médicale en berne, des délais de rendez-vous accrus et des hospitalisations en hausse dans la région, les cardiologues d'Île-de-France ont créé une équipe de soins spécialisés dans leur discipline. Avec ce nouveau modèle organisationnel, introduit par la loi santé de 2019, les spécialistes libéraux souhaitent faciliter l’accès à l’expertise en ville, en cas d’indisponibilité du cardiologue habituel du patient. Cette initiative qui vise à « rendre service » aux patients a démarré à Paris et dans le Val-de-Marne depuis le 10 janvier.
« Près de 60 cardiologues franciliens ont répondu présents, se félicite déjà le Dr Patrick Assyag, cardiologue libéral et pilote du dispositif. Mais pour le démarrage, nous fonctionnons actuellement avec un pool de 20 volontaires, 10 à Paris et 10 dans le Val-de-Marne ». À terme, 200 cardiologues pourraient rejoindre ce projet.
Trois types de suivi
Le fonctionnement se veut simple. À l'occasion d'une consultation, lorsqu'un généraliste n'arrive pas à joindre le cardiologue traitant du patient alors qu'il a besoin d'un avis du spécialiste en moins de 24 heures, il peut contacter le médecin coordinateur de l'ESSC disponible, de 9 heures à 19 heures les jours ouvrés. Pour cela, il peut soit appeler le numéro de téléphone dédié, soit passer par l'application Medaviz, en créant un compte.
Le généraliste choisit avec le médecin coordinateur – un urgentiste – la réponse la plus pertinente au regard de l'état de santé du patient. « Cela exclut toute situation d'urgence », souligne le Dr Assyag, installé dans le centre de Paris. L'avis d'expert est sollicité, par exemple, en cas de « poussée de tension d'un patient sous traitement », « de douleur avec des palpitations » ou de « douleurs qui ressemblent à des péricardites ». « Nous en avions eu pendant le Covid », ajoute le praticien, qui est aussi vice-président du Syndicat national des cardiologues. En fonction de l'état de santé du patient, trois types de suivi ont été protocolisés : une consultation de cardiologie en présentiel avec le cardiologue de l'équipe le plus proche du domicile du patient ; une téléconsultation assistée en instantané entre le médecin généraliste, le spécialiste et le patient ; ou encore une télé expertise réalisée entre le généraliste et le cardiologue de l'équipe.
Une fois le suivi choisi, le médecin coordinateur sollicite par SMS les cardiologues volontaires de l'équipe. « Ils s'engagent à répondre mais n'ont pas à bloquer des créneaux de consultation dans leur planning. On les laisse s'organiser librement. Les cardiologues savent très bien le faire pour caler un rendez-vous supplémentaire », affirme le Dr Assyag. Pour ce travail, les spécialistes ne sont pas payés davantage. Ils peuvent simplement coter la majoration coordination urgente (MCU) de 15 euros. Mais dans le cadre du service d'accès aux soins (SAS), « il va y avoir des revalorisations pour la prise en charge des consultations de soins non programmés », rappelle le syndicaliste.
Gain de temps
Depuis le démarrage du service, l'ESSC reçoit tous les jours « un ou deux patients » adressés par des généralistes. « C'est lent mais cela va progresser. Le problème est qu'on a eu du mal à lancer l'information en Île-de-France », regrette le cardiologue parisien.
Généraliste à Paris dans le 12e arrondissement, la Dr Joëlle Wizman Pelta a déjà eu trois fois recours à ce dispositif et le trouve « génial ». « À partir du moment où j'ai une suspicion de problème cardiaque, je peux avoir un avis de spécialiste rapide en passant directement par ce circuit de cardiologues, sans avoir à envoyer le patient aux urgences », témoigne-t-elle. « Cela me fait gagner du temps et c'est donc aussi moins de stress », ajoute-t-elle. Pour mieux faire connaître cette nouvelle offre auprès des généralistes franciliens, un flyer leur sera adressé, accompagné d'une lettre rédigée avec l'Assurance-maladie.
Pour l'heure, l'ESSC a signé des conventions avec plusieurs communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) parisiennes ainsi qu'avec l'association SOS médecins. « Le réseau de cardiologues de proximité facilite le déplacement des patients, approuve le Dr Serge Smadja, président de SOS Grand Paris. Tout ce qui nous permet d'éviter la fréquentation des urgences est intéressant. » Soutenu par l'URPS Île-de-France et l'Assurance-maladie, le projet reçoit une aide de l'agence régionale de santé (ARS) « ne dépassant pas 100 000 euros » pour payer principalement le médecin coordinateur.
Pas de surrisque pendant la grossesse, mais un taux d’infertilité élevé pour les femmes médecins
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols