Émoi après l'interpellation violente d'une infirmière en marge de la manif des soignants

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Publié le 17/06/2020

Crédit photo : Montage Twitter

C'est l'une des images qui restera de la manifestation des soignants à Paris le 16 juin. On y voit une manifestante en blouse blanche à genoux entourée de policiers en armure. L'un d'entre eux la tient sans ménagement pendant qu'un autre lui passe les menottes pour l'interpeller.

Cette femme s'appelle Farida, elle est infirmière. Outre des photos, plusieurs vidéos de son interpellation circulent sur les réseaux sociaux. On la voit fortement bousculée par un groupe de policiers. On peut entendre la soignante, le visage ensanglanté, réclamer à plusieurs reprises sa Ventoline avant d'être emmenée vers le fourgon de police.

Les faits sont intervenus en marge de la manifestation de mardi alors que des échauffourées ont éclaté sur l'esplanade des Invalides, à l'arrivée du cortège de 18 000 personnes. L'infirmière a été interpellée « pour outrage et jets de projectiles sur les forces de l'ordre ». Sur une autre vidéo, on distingue la manifestante jeter des projectiles à deux reprises en direction des CRS.

#LibérezFarida

L'image de cette interpellation violente a choqué sur les réseaux sociaux. Dans la soirée le hashtag #LibérezFarida a fleuri. Un rassemblement de soutien s'est organisé devant le commissariat du 7e arrondissement de Paris. Les personnes présentes réclament la libération de l'infirmière mise en garde à vue. Plusieurs responsables politiques de la France insoumise étaient présents.

Après avoir été applaudis chaque soir pendant le confinement et qualifiés de « héros en blouse blanche » par le président de la République, beaucoup de soignants se sont émus des incidents qui ont émaillé les manifestations.

Le médiatique Dr Patrick Pelloux accuse des « groupes violents » d'avoir « volé la manifestation pacifiste unitaire ». D'autres ont préféré retenir de cette journée la vidéo d'un échange d'applaudissements entre policiers et blouses blanches lors de la manifestation à Nîmes.

[Mise à jour mercredi 17 juin à 18 heures ] : L'infirmière est convoquée devant le tribunal correctionnel le 25 septembre, a annoncé le parquet de Paris. Elle sera jugée pour pour « outrages » et « violences sans interruption totale de travail (ITT) » sur personne dépositaire de l'autorité publique. Cette femme de 50 ans travaillant à l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne) a reconnu les faits au cours de sa garde à vue et affirmé avoir craqué par épuisement et colère contre l'État. Selon l'AFP, lors de son audition, l'infirmière a raconté la dureté de son métier, les journées de travail de 10 heures à 14 heures au plus fort de l'épidémie de Covid-19, le décès de 20 patients durant cette période, sa présence auprès d'eux, sa fatigue et une sérologie positive au virus.


Source : lequotidiendumedecin.fr