Fallait-il un scandale pour mobiliser sur le sort des établissements pour personnes âgées ? La grande grève qui avait touché le secteur il y a deux ans avait déjà alerté opinion et décideurs. Mais il est probable que, sans le brûlot de ce journaliste sur le système Orpea, le soufflé serait sans doute retombé. Le fait est que depuis, les candidats à la présidentielle rivalisent de solutions pour venir en aide aux Ehpad, tous promettant d'affecter de nouveaux moyens pour le grand âge. Tiendraient-ils vraiment leurs promesses s'ils étaient élus ? Dans ce domaine, on ne peut vraiment jurer de rien. Voilà 25 ans que les présidents successifs - de Chirac à Macron, en passant par Sarkozy — ont promis une grande loi sur la dépendance. Avant de se rétracter in extremis devant l'ampleur de la tâche. Le scénario s'est reproduit sous l'actuel quinquennat : une ministre ad hoc ayant même été nommée pour s'atteler à ce grand chantier. Las ! Brigitte Bourguignon a finalement dû se résoudre à gérer les affaires courantes, même si des hausses de salaire et embauches ont été prévues.
Annonces, hésitations, volte-faces… Le dispositif serait-il à ce point irréformable ? L'écheveau est en tout cas complexe, et cela suffit à freiner les ardeurs des plus réformateurs. À commencer par la multiplicité des acteurs — État, Sécu, département — qui le financent et qui le gèrent. Politiquement, le sujet est également sensible, autant que tabou. On joue sur les mots, préférant parler d'« autonomie » plutôt que de « dépendance ». D'autant, qu'avec une espérance de vie de deux ans et demi à leur entrée en Ehpad et un état de santé dégradé, les personnes en grande dépendance ne forment pas un lobby à même d'influer sur les politiques publiques. Certes, la France vieillit et chacun sera concerné un jour : mais qui a envie de se projeter dans des structures qu'on assimile trop souvent à des mouroirs? Juridiquement sibyllin, psychologiquement délicat, le dossier est de surcroît ruineux. Toute refonte suppose de piocher dans les caisses de l'État ou dans le portefeuille des Français. Qui est prêt à en assumer la décision en période de vaches maigres ?
Pas les postulants à l'Élysée en tout cas, qui font l'impasse sur le volet financier. Pourtant, tous conviennent qu'il faut embaucher dans les établissements, certains se faisant fort de revaloriser les salaires des personnels pour y arriver. La plupart proposent aussi de renforcer le maintien à domicile - un vrai souhait des Français - comme pour mieux contourner le problème institutionnel. Enfin, quelques-uns — mais ils ne sont pas légion — suggèrent de revoir le modèle des Ehpad. C'est pourtant sans doute par là qu'il faudrait commencer. L'Ehpad actuel n'ayant plus grand-chose à voir avec son ancêtre, la maison de retraite, une redéfinition de ses missions, de ses modes de fonctionnement, mais aussi du rôle de ses acteurs — à commencer par les médecins qui y interviennent — est désormais indispensable.
Exergue : Juridiquement sibyllin, psychologiquement délicat, le dossier des Ehpad est de surcroît ruineux.
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