À Roanne (Loire), 90 généralistes ont fermé leur cabinet entre lundi et mercredi. Un mouvement spontané massif, vite baptisé « Printemps de Roanne », qui a démarré par un simple courrier de ras-le-bol adressé à ses confrères par un généraliste de la ville, le Dr Michel Seraille, en avril.
Beaucoup de médecins roannais l’ont pris au mot et ont organisé des réunions débouchant sur ce mouvement de fermeture. « Il ne s’agit que d’une première étape », confie le Dr Seraille au « Quotidien ». Une partie de ses confrères songent à la possibilité d’un déconventionnement solidaire.
Collectifs, motions...
Les Roannais ont reçu le renfort de confrères de Saône-et-Loire. Réunis au sein d’un collectif élégamment baptisé « MST 71 » (pour médecins sans télétransmission), plus de 200 praticiens libéraux devaient fermer leur cabinet mercredi 20 mai. Le Dr Didier Chassery, généraliste à Givry et coordonnateur du mouvement départemental, précise que les libéraux de Saône-et-Loire ont mis en place un « Google group » permettant aux coordinations départementales de communiquer entre elles. « Cela permet de coordonner nos actions et de ne pas nous sentir seuls », indique-t-il.
Dans le département du Rhône, l’association des médecins de Caluire, qui compte 33 généralistes, 50 spécialistes en cabinet de ville et 70 autres spécialistes exerçant en clinique, s’est réunie fin avril. Dans une motion votée à l’unanimité des praticiens présents, les médecins s’engagent à ne pas appliquer le tiers payant généralisé. Ce jeudi 21 mai, l’association se réunit pour rédiger une lettre ouverte aux patients, leur expliquant le sens de leur démarche.
Chartes de solidarité
Dans les Hautes-Pyrénées, une coordination médicale s’est constituée contre la loi de santé et le tiers payant généralisé. Sur quelque 400 médecins libéraux, 274 (dont 167 généralistes) ont signé une charte de solidarité. Si l’un des signataires est attaqué par les caisses pour refus de tiers payant, les autres se déconventionneront pour le soutenir, affirme le Dr Patrick Guénébeaud, porte-parole de la coordination.
Dans l’Orne, « tous les médecins libéraux pas trop proches de l’âge de la retraite ont signé une charte similaire », assure le Dr Christophe Sanier, médecin généraliste à Flers. Ils ont envoyé un courrier à leur caisse primaire pour l’informer qu’ils n’appliqueraient pas le tiers payant, prêts à en assumer les risques. « Nous ne parlons pas de déconventionnement, ajoute le Dr Sanier. Mais s’ils veulent nous punir, ils en assumeront les conséquences ». Selon le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, « d’autres mouvements de désobéissance se développent en Bretagne et dans la Mayenne ».
Bénédiction des syndicats
S’ils partent de la « base », ces mouvements de fronde sont encouragés par les syndicats. La CSMF et MG France ont rapidement apporté leur « soutien total » au conflit spontané des généralistes du bassin roannais. Au SML, le Dr Eric Henry salue ce sursaut médical. « Nous ne sommes pas à l’origine de ces mouvements, confie-t-il. Mais nous sommes très contents, on craignait que les gens ne finissent par s’endormir ». Le Dr Hamon (FMF) parle lui aussi de « vraie bonne nouvelle, ce mouvement part de la base, il n’est pas question de le récupérer mais de l’accompagner ». Le Dr Jérôme Marty, patron de l’Union française pour une médecine libre (UFML), a « la faiblesse de penser que ces mouvements constituent un désaveu des structures parisiennes ».
Une première réunion de la coordination nationale est prévue le samedi 13 juin à l’hôpital Cochin (Paris). Les coordinations départementales sont attendues, ainsi que l’UFML, des syndicats représentatifs ou encore le mouvement pour la santé de tous qui regroupe 45 organisations. La mobilisation médicale pourrait trouver un deuxième souffle, à quelques semaines de l’examen du projet de loi de santé au Sénat.
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