PRÈS DE 12 000 postes de praticiens hospitaliers (PH) sont aujourd’hui vacants en France. L’anesthésie, la réanimation, les urgences, l’imagerie et la radiologie sont durement touchées. Les hôpitaux recourent à l’intérim au coup par coup. Coûteux, pas franchement autorisé, et de qualité inégale.
Dans un rapport intitulé « promotion et modernisation des recrutements médicaux à l’hôpital public », Élie Aboud mise sur le nouveau statut de clinicien pour attirer les meilleurs spécialistes à l’hôpital. Il s’agit, en clair, d’encadrer le mercenariat, d’y mettre de l’ordre avec des règles transparentes. Pour éviter les dérives financières, et pour redresser la qualité des soins, mise à mal par le turn over des équipes.
Le député de l’Hérault n’a pas souhaité s’exprimer avant la remise officielle de son rapport, ce jour, à la ministre de la Santé. Le schéma qu’il propose est néanmoins connu. La cible du statut de clinicien hospitalier ? Les jeunes médecins et les chefs de cliniques, les PH volontaires pour un détachement, mais aussi les médecins libéraux (des postes de cliniciens partagés entre une clinique et un hôpital sont envisagés). La durée du contrat ? D’une à cinq années, renouvelable. Les objectifs ? Quantitatifs et qualitatifs. Sera notamment évaluée l’implication du praticien dans le pôle, dans l’enseignement ou la recherche... La rémunération ? Mixte. Un salaire fixe, éventuellement supérieur au salaire de PH, assorti d’une part variable, qui pourrait jusqu’à doubler le salaire fixe, et que le Centre national de gestion va calculer.
Le risque de la géométrie variable.
Roselyne Bachelot répète qu’elle veut « valoriser l’activité clinique au sein du service public ». Reste à voir ce qu’elle retiendra du rapport Aboud - et à connaître le financement débloqué. Un décret est attendu dans les prochaines semaines. Les premiers cliniciens pourraient être nommés d’ici à la fin de l’année. Les syndicats médicaux, qui redoutent l’extinction progressive du statut de PH, veulent savoir combien de postes de cliniciens seront ouverts. Aux agences régionales de santé (ARS) d’en décider. Tout d’abord un millier, propose la mission Aboud. « Pas plus de 15 % de contractuels dans une équipe, sinon le risque est grand de voir surgir des dissensions pour des raisons financières », met en garde le Dr James Brodeur, président du SMARNU (Syndicat des médecins anesthésistes-réanimateurs non universitaires).
Les écarts de revenus existent déjà sur le terrain. Les intérimaires empochent 650 euros pour 24 heures de travail. Parfois plus. L’un d’eux, anesthésiste itinérant au bord de la retraite, livre son point de vue : « Le mercenariat, je l’ai choisi pour la souplesse et la liberté. J’alterne une semaine de travail et une semaine de repos. Je n’accepterai plus jamais de temps plein, trop contraignant. Devenir clinicien ? Je ne suis pas sûr, il faut voir les contraintes en termes d’organisation du travail. En revanche, cela peut plaire à pas mal de monde, notamment les jeunes soucieux de préserver leur vie familiale en n’exerçant que sur un site ».
Les syndicats en sont convaincus : la formule peut plaire. Trop, peut-être. « On craint que des postes de PH vacants mais indispensables soient transformés en contractuels, et que des contrats à géométrie variable soient proposés ici ou là, résume James Brodeur (SMARNU). Il faut soit une convention collective, soit un modèle de contrat national avec des critères précis d’embauche et de rémunération. Sinon ce sera la jungle ».
L’autre syndicat d’anesthésistes-réanimateurs (SNPHAR) est plus catégorique. « Licenciements facilités », « casse du statut de PH » : le statut de clinicien ne trouve pas grâce à ses yeux. À la place, le SNPHAR demande la revalorisation des primes et salaires des PH.
Avec le rapport Aboud rendu public aujourd’hui, le débat ne peut que rebondir.
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