Il y a presque 10 ans, la suggestion avait fait bondir les praticiens comme les patients. Certains de nos lecteurs s’en souviennent peut-être : las d’entendre les plaintes de ses électeurs en but aux errances de la démographie médicale, une élue dijonnaise avait suggéré que des vétérinaires prennent le relais des médecins généralistes en zones sous-denses. Patatras ! Face au tollé, l’édile avait vite remisé sa fausse bonne idée. Et on n’a jamais entendu parler depuis de ce genre de chimères, hybrides du médecin et du véto, en tout cas comme solution pour les déserts médicaux…
C’est aujourd’hui de toutes autres considérations qui ramènent au premier plan la nécessité d’une interprofessionnalité entre professionnels de la santé humaine et animale. La crise du Covid –et avant elle, les épisodes de grippe aviaire dans les années 2000 ou d’Ebola au début de cette décennie- sont ainsi venus imposer une collaboration accrue entre acteurs de soins. Cela prend parfois un tour très concret. Dès les premiers mois de la pandémie, on a vu des vétérinaires mettre à disposition respirateurs ou capacité de tests PCR pour prendre en charge malades ou cas suspects. Et si sur le terrain, la dynamique a parfois été laborieuse, faute d’habitudes et de circuits communs, au plus fort de la crise, certaines coopérations se sont révélées indispensables.
Au-delà, si la démarche « one health » s’impose actuellement c’est pour des raisons conceptuelles. La réflexion porte désormais sur la genèse des crises sanitaires qui frappent le monde du vivant et sur la façon de les éviter. C’est un vaste chantier intergouvernemental. La France est en première ligne. Tant mieux. Mais elle ne doit pas rester seule, car il y a urgence.
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