Le Dr Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État auprès du premier ministre, chargé des relations avec le parlement, s'est prononcé en faveur d'une légalisation du cannabis, relançant le débat sur la dépénalisation.
« Je pense que la prohibition du cannabis en France est une mesure qui mérite d'être discutée. Il y a un tabou dans la société française, on ne parle pas de ça », a déclaré le médecin au micro de Ruth Elkrief sur BFM TV, au lendemain d'une réunion du parti socialiste où il avait déjà évoqué cette position.
« Le cannabis est une très mauvaise chose pour la santé publique, en particulier chez les jeunes. Mais la prohibition n'amène pas une diminution de la consommation », a-t-il poursuivi faisant observer que la France restait parmi les pays où l'usage était le plus élevé parmi les jeunes.
Usage privé et non pas public
S'exprimant « à titre personnel », Jean-Marie Le Guen le martèle : « Je suis un homme de santé publique, je me suis toujours battu contre l'alcool contre tabac, je me battrais toujours contre la consommation de cannabis chez les jeunes mais la prohibition n'est pas efficace. » Le secrétaire d'État socialiste propose « une approche sanitaire » et « non pas morale ou juridique ».
Il souhaite « aller vers des mécanismes de légalisation contrôlés mais surtout des politiques d'éducation, de santé publique et de lutte très forte contre la consommation de cannabis ». Il s'agirait, selon lui, de « levées d'interdiction très sélectives d'abord pour les adultes, certainement pas pour les jeunes de moins de 21 ans ». Les « circonstances tout à fait particulières » devront être définies pour un « usage privé et certainement pas… public ». Jean-Marie Le Guen s'est aussi prononcé en faveur d'un « renforcement des sanctions de la même façon que contre l'abus d'alcool on a renforcé les contrôles », a-t-il indiqué tout en précisant qu'il ne mettait pas les « 2 produits au même niveau ».
Pas de réflexion engagée par le gouvernement
Cette prise de position en faveur d'une levée partielle de l'interdiction a aussitôt fait réagir. Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a affirmé qu'il « n'y a aucune piste de travail ni de réflexion engagée au gouvernement sur cette question ». Et d'ajouter : « C'est une position qu'il défend depuis longtemps (...) en tant que médecin. Mais ce n'est pas la position du gouvernement ». Une position gouvernementale rappelée par la ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem. « Il n'y a pas de dépénalisation du cannabis en vue », a-t-elle lancé.
Du côté de l'opposition, les accusations de démagogie fusent au moment où le gouvernement tente de renouer avec les jeunes mobilisés contre le projet de loi travail. « Comme par hasard, le même jour, en direction des jeunes, d'un côté 500 millions, de l'autre, regardez, on est ouvert, on est sympa, on propose un débat sur la dépénalisation du cannabis. C'est juste pas sérieux », a dénoncé Benoist Apparu, député Les Républicains. « Je pense surtout que la légalisation du cannabis serait un signal extrêmement laxiste envoyé à la jeunesse », a estimé François Fillon.
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