Budget de la Sécu : grandes manœuvres autour de l'ONDAM, un coup de pouce pour l'hôpital ?

Par
Publié le 22/10/2019

Crédit photo : S. Toubon

L'Assemblée nationale entame ce mardi en première lecture l'examen en séance du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2020. Établissements de santé, médecins libéraux, médicaments : 4,2 milliards d'euros d'économies sont attendus pour tenir un objectif national de dépenses maladie (ONDAM) limité à 2,3 %.

Alors que les urgences publiques traversent depuis le printemps une crise sans précédent (267 services en grève au 14 octobre) et que deux nouvelles journées de mobilisation se préparent pour « sauver l'hôpital » le 29 octobre et le 14 novembre, les débats s'annoncent houleux en séance.

La semaine dernière, les anicroches en commission sur la nécessité d'un desserrement du sous-objectif hospitalier (fixé à 2,1 % pour l'instant) ont auguré d'une offensive sur ce sujet – des députés de tous bords (dont LREM) montant au créneau pour réclamer un geste budgétaire. « Manque de lits, climat morose, rémunération des personnels soignants à la traîne depuis 50 ans… Un certain nombre d'ingrédients sont réunis pour provoquer un malaise et une contestation à l'hôpital, a analysé ce mardi, quelques heures avant l'ouverture des débats, le rapporteur général du texte Olivier Véran. Compte tenu du marasme ambiant, qui n'est pas propre à cette politique et à ce mandat […], je dis : attention. Ne peut-on pas essayer de trouver des solutions dans la durée qui permettraient d'éviter que l'hôpital ne sorte de son lit ? » 

Des annonces « à venir »

Invité par l'Association des journalistes de l'information sociale (AJIS), le neurologue grenoblois a affirmé que « des choses fortes seront faites sur l'hôpital dans les semaines à venir » mais « pas forcément sur l'ONDAM ». Le député LREM a prophétisé un « très gros engagement » de la ministre de la Santé pour « apaiser » le secteur hospitalier et lui « redonner des marges de manœuvre ». « 20 milliards de dette pèsent sur l'hôpital avec des taux entre 2 % et 4 %, ce qui n'est pas rien. » « Je suis sûre d'une chose, a-t-il ajouté : il y a une prise de conscience totale de la situation hospitalière au plus haut niveau de l'État. »

Cette « tension » sur le budget hospitalier s'est déjà illustrée en commission des Affaires sociales, admet le Dr Véran, qui avoue avoir « galéré » pour éviter l'adoption d'amendements qui auraient mis le feu aux poudres non pas à l'hôpital mais, par incidence, à la médecine de ville. « On a failli voir adopter des amendements [de LR, UDI et Agir, NDLR] qui permettaient aux fédérations hospitalières de déterminer le prix des consultations en médecine de ville », a confié, effaré, le neurologue. 

Le rapporteur cite un autre amendement porté par dix députés LREM qui « proposait "tranquilou bilou" de transférer un milliard d'euros de l'ONDAM de ville vers l'ONDAM hospitalier » ! Rejetée en commission mais toujours soutenue par 18 élus de la famille macroniste, cette proposition sera débattue dans l'Hémicycle. 

Accidents de vote

Si l'ONDAM hospitalier défendu par le gouvernement ne « doit pas faire rougir », le Dr Véran a reconnu – à demi-mot – que la situation de l'hôpital préoccupe et divise la majorité parlementaire. Des « accidents de vote » en séance restent possibles si Ségur ne desserre pas l'étau financier.

Pour l'instant, l'exécutif devrait proposer du moins une garantie de financement pluriannuel dès 2020 pour l'ensemble des établissements de santé, « déterminée sur trois ans pour permettre aux hôpitaux d'améliorer leur pilotage, leur visibilité ainsi que leur lisibilité » des recettes et des dépenses, « moyennant des questions de pertinence », selon le rapporteur général. Ce faisant, le gouvernement répondrait à une première demande forte des fédérations hospitalières, qui critiquent depuis des années la régulation infra-annuelle imposée par l'ONDAM. Suffisant ? 


Source : lequotidiendumedecin.fr