Au moins « 67 services d’urgences [sur 650] connaissent une affluence inférieure au seuil de référence des 10 000 personnes par an, soit 1,1 patient par heure », annonce ce lundi « le Figaro » qui a agrégé des chiffres issus de la base de données Hospi Diag.
De là à en déduire que 10 % des services d’urgences actuels sont carrément menacés de disparition, il n’y a qu’un pas, d’autant qu’un rapport remis fin juillet à Marisol Touraine par le Dr Jean-Yves Grall, directeur de l’ARS du Nord Pas-de-Calais, préconise une nouvelle prise en charge graduée des urgences à l’échelle des territoires pouvant aller jusqu’à la transformation de services à faible activité en centres de soins non programmés.
Pénurie organisée, selon l’AMUF
Le ministère de la Santé n’a rendu aucun arbitrage à ce jour. Ce lundi soir, Marisol Touraine précise même qu’il n’existe « aucune liste de services d’urgences menacés de fermeture ». La liste du Figaro « ne figure pas davantage » dans le rapport GRALL, insiste le ministère, qui déplore une « extrapolation ». Mais l’association des médecins urgentistes de France (AMUF) a prévenu dès ce lundi que « fermer les services d’urgences dit à faible activité » et « descendre en dessous du seuil actuel de services existant mettrait la population en danger ».
Les urgences ont été au cœur de l’actualité de l’été 2015 avec la fermeture temporaire, faute de personnel, de plusieurs services dont celui de l’hôpital de Valognes, dans la Manche, à l’origine d’une forte mobilisation locale.
Alors que le manque criant d’urgentistes dans certains secteurs est régulièrement pointé du doigt, l’AMUF considère que la pénurie « a été sciemment créée depuis près de 30 ans pour justifier justement les restructurations et les fermetures de service ».
Une nouvelle spécialité ?
Pour contenir l’hémorragie, le syndicat du Dr Patrick Pelloux réclame l’application « sans délai du protocole d’accord sur le temps de travail [des urgentistes] » et un effort parallèle sur la formation de médecins urgentistes en « adaptant les quotas par région aux besoins prévisionnels ».
Le dossier de la formation des urgentistes revient précisément sur le tapis. Une piste à l’étude serait de créer une nouvelle spécialité de médecine d’urgence (DES en quatre ans), avec un nombre précis de postes fléchés comme tels à l’internat. L’AMUF propose plutôt de maintenir le système actuel mais en « ciblant les postes prioritaires avec des embauches directement sur le statut de praticien hospitalier avec une accélération de carrière ».
Le syndicat appelle aussi de ses vœux la création de pôles territoriaux d’urgence avec des équipes de médecins exerçant sur plusieurs sites, « à l’instar de ce qui est déjà fait dans le Vaucluse depuis plusieurs années ».
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