À L’OCCASION de la journée internationale du refus de la misère, samedi, l’Observatoire de l’accès aux soins de la mission France, élaboré à partir des rapports d’activités des 22 CASO (centres d’accueil de soins et d’orientation) de Médecins du monde, propose une radioscopie inquiétante. Elle révèle que les plus démunis consultent de plus en plus tardivement : 18 % des 33 339 consultations ont été tardives en 2008, contre 11 % en 2007. Plusieurs CASO ont constaté les difficultés de plus en plus grandes rencontrées par les personnes en situation irrégulière pour se déplacer : à Marseille, des voitures de police stationnent toutes les semaines devant le bâtiment pour effectuer une « dissuasion passive ». À Montpellier ou à Nantes, les patients ne se décident à venir consulter que lorsqu’ils ne peuvent vraiment plus faire autrement, en raison de pathologies aiguës.
La dégradation des prises en charge frappe aussi les Français : les équipes de MDM se préoccupent du retour dans les CASO de personnes qui ne venaient pratiquement plus et de l’irruption de nouvelles populations, les travailleurs pauvres. Les deux tiers des consultants français ne bénéficient pas de complémentaire santé, alors qu’ils ne représentaient que la moitié de l’effectif en 2007.
Le rapport note que le dispositif CMU (couverture maladie universelle), dont le dixième anniversaire vient d’être fêté, se solde aujourd’hui par un nombre de 4,8 millions d’assujettis, soit un déficit de plus d’un million de personnes, par rapport aux 6 millions d’ayants droit qui avaient été prévus. Cette exclusion semble avant tout liée au manque d’information et à la méconnaissance du dispositif. MDM épingle une fois de plus le phénomène des refus de soins et rappelle que, selon le rapport publié en juillet par le Fonds CMU, un quart des médecins et des dentistes parisiens refusent encore de recevoir les bénéficiaires de la CMU complémentaire. Au passage, la fraude reste quasi inexistante, avec 588 cas répertoriés en 2008.
Des dysfonctionnements affectent aussi les PASS, ces permanences d’accès aux soins de santé qui devaient être ouverts dans 500 établissements de soins dans toute la France, aux termes de la loi contre l’exclusion du 29 juillet 1998. Aujourd’hui, moins de 400 PASS fonctionnent et beaucoup d’entre elles n’offrent qu’une réponse partielle et hétérogène (capacité d’accueil saturée, horaires inadaptés…).
Entraves à l’action.
Dans ce contexte dégradé, Médecins du monde dénonce les entraves à l’action humanitaire : dénonciation d’un sans-papiers par une caisse primaire d’assurance-maladie, assignation en justice de MDM pour avoir secouru des familles roms, expulsion des migrants afghans dans le Calaisis en pleine épidémie de gale : la politique de lutte contre l’immigration met non seulement à mal la santé publique, mais elle rend difficile le travail des humanitaires, provoquant souvent des ruptures de soins, particulièrement préjudiciables aux malades chroniques. Or, dans près de la moitié des consultations où un diagnostic est posé (hypertension artérielle, diabète...), les patients auraient besoin d’être pris en charge pendant au moins six mois.
« La santé ne peut pas être assujettie à la seule logique sécuritaire », proteste le Dr Olivier Bernard, président de MDM, en rappelant les quatre principales revendications de l’association : l’inclusion de l’AME (aide médicale d’urgence) dans la CMU, la non-expulsion et la régularisation des étrangers gravement malades, le droit à l’information des personnes qui ignorent qu’elles pourraient bénéficier d’une couverture maladie et l’arrêt des expulsions des familles roms pendant la trêve hivernale.
Pas de surrisque pendant la grossesse, mais un taux d’infertilité élevé pour les femmes médecins
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols