Dans la perspective de la 21e conférence sur les changements climatiques (COP21), le comité consultatif national d’éthique (CCNE) invite dans une contribution à repenser la place de l’humanité dans la nature, à l’aune des principes de solidarité et de responsabilité.
La crise est écologique, non seulement climatique
Le diagnostic ne doit pas se limiter au changement climatique, avertit le CCNE. Au-delà, se trame une crise écologique globale. Le changement climatique est à la fois une menace pour l’humanité et l’un des symptômes des dégradations bien plus amples (épuisement des ressources naturelles non renouvelables, des sols, des ressources aquatiques, diminution des surfaces agricoles, acidification des océans, pollution de l’air, émergence de nouvelles maladies, érosion des écosystèmes et de la biodiversité, etc) de notre environnement, dues à l’intervention humaine, lit-on.
Cette crise écologique a des conséquences dramatiques sur la vie et la santé humaine (8 millions de décès prématurés liés à la pollution, pour ne donner qu’un exemple). Elle frappe inégalement l’humanité, les plus pauvres et les plus vulnérables à l’échelle de l’humanité ou de chaque pays restant dans l’œil du cyclone. Les inégalités s’accroissent, et ces perturbations écologiques majeures poussent sur les routes les populations.
Partage, co-développement, et biens communs
Face à cette crise majeure où tout est interdépendant, le CCNE suggère de retravailler les notions de progrès et de propriété à la lumière des principes de solidarité.
Le paradigme de l’homme-maître de la nature a vécu. À l’ingénierie doit succéder la compréhension des dynamiques de la nature : régénération, résilience, et adaptation.
« Ne pas considérer toute avancée technique comme un progrès est une nécessité absolue lorsque certaines d’entre elles contribuent à dégrader la qualité de la vie et de la santé d’une partie de l’humanité », lit-on dans la note du CCNE. Le progrès doit être redéfini dans une optique de partage et de co-développement.
D’un point de vue juridique, les relations entre l’homme et la nature ne peuvent plus en rester au droit de la propriété. L’air, l’eau, les ressources naturelles, doivent être considérés comme des « biens communs » dont chacun est « responsable et bénéficiaire sans être propriétaire ». Concrètement, les démarches collectives de régulation internationale dans les secteurs économiques et industriels doivent se développer, les lois et traités doivent prendre en compte les aspects éthiques, pour ne pas perdre de vue la préservation des ressources naturelles au bénéfice de l’humanité.
Enfin, l’exigence d’un développpement durable implique une équité entre les pays riches du Nord et les pays émergent.
LE CCNE entend promouvoir une réflexion éthique au niveau international, qui se concrétise lors du sommet mondial des comités nationaux d’éthique en mars 2016.
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