Ils s’appellent Doctolib, KelDoc, Mondocteur, etc. Avec des offres variées, ces sites proposant agenda et gestion de rendez-vous en ligne affichent sensiblement le même objectif : décongestionner les secrétariats des médecins, optimiser la gestion des plannings et, pour les patients, faciliter l'accès direct à une offre médicale.
Si ces solutions digitales rencontrent un succès croissant, l’outil numérique rebute certains médecins. C’est le cas de ce généraliste du 7e arrondissement de Lyon qui a fait le choix de ne pas s’abonner à une plateforme et préfère conserver sa technique rudimentaire éprouvée : il invite ses patients à consulter son nom sur le portail des Pages Jaunes (où sont précisés le secteur d'exercice, le tarif habituel et l'acceptation de la carte Vitale) puis à venir consulter aux horaires d'ouverture. Le site invite toutefois au démarchage des praticiens pour la prise de rendez-vous en ligne avec cette petite phrase « Si vous souhaitez que ce professionnel propose ce service, prévenez-le ! ».
D’autres médecins n’y voient toujours « aucun intérêt », à l’instar du Dr Cécile Boutière, pédopsychiatre à Craponne, près de Lyon, qui préfère une organisation cadrée de ses rendez-vous dans le parcours de soins. « Je n’utilise aucune de ces plateformes à cause du décalage entre les urgences, nos pratiques et les places disponibles. Je préfère privilégier des personnes qui nous auront été adressées ».
Le Dr Charles Cousina, ex-généraliste à Lyon, aujourd'hui en Suisse, a un avis tranché… et hostile. « Ces solutions de prise de rendez-vous en ligne remplacent les secrétaires et contribuent à la dégradation du métier. Avec internet, la médecine est complètement déshumanisée ! Bien sûr, ces solutions sont moins coûteuses et peuvent rendre service, ça vaut mieux que pas de secrétaire du tout », concède-t-il.
Moins de lapins grâce aux rappels
D'autres médecins ont passé le cap. Le Dr Nathalie Assa, généraliste à Lyon, explique ce qui l’a motivée. « Je n'étais pas satisfaite des secrétariats téléphoniques classiques, tant au niveau de leur efficacité que de leur prix exorbitant, argumente-t-elle. Le service rendu était peu performant et coûtait autour de 700 euros par mois. Avec les agendas en ligne, les patients prennent rendez-vous quand ils le souhaitent ». Seul bémol : « Les personnes âgées qui souvent ne sont pas équipées sur le plan informatique ».
Le Dr Michaël Loëb est anesthésiste au sein du groupe hospitaliser mutualiste Les Portes du Sud, établissement de santé privé d’intérêt collectif (ESPIC), à Vénissieux. Intéressé, il a du mal à persuader ses collègues. « J'étais pour nous abonner mais mes associés n’étaient pas convaincus ! », admet-il. Parmi les avantages des plateformes, il cite la possibilité de prendre des rendez-vous à des horaires non conventionnels, les économies de secrétariat ou encore la réduction de l’absentéisme, grâce au système de rappels pour les patients. En revanche, le dispositif est moins efficace chez les patients seniors. « Certains collègues gériatres que je connais ont arrêté leur abonnement pour cette raison. »
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