« La médecine générale est la spécialité la mieux équipée en termes de téléconsultation », avance Doctolib sur la foi de données actualisées révélées au « Quotidien », en amont de sa présentation ce jeudi au Congrès de la médecine générale France (CMGF). La moitié des généralistes présents sur Doctolib sont aujourd'hui équipés de la téléconsultation, ce qui représente 9 600 médecins généralistes utilisateurs.
Dans ce contexte, alors que la plateforme vient de franchir le cap des 15 millions de téléconsultations depuis le lancement de ce service, 10 millions d'entre elles ont été réalisés par des généralistes, soit les deux tiers. Au final, 10 % des consultations de médecine générale (réservées sur cette plateforme) sont réalisées à distance, selon Doctolib.
En moyenne, les omnipraticiens font aujourd'hui « 38 téléconsultations » par mois (données de février 2022), ce chiffre mensuel ayant évolué significativement en fonction des périodes épidémiques. En avril 2020, les généralistes inscrits sur Doctolib Téléconsultation réalisaient en moyenne 87 consultations en visio, puis 55 en janvier dernier, en pleine vague Omicron. 56 % des utilisateurs de Doctolib Téléconsultation sont des généralistes.
16 minutes
Si les médecins de famille ont pris le pli de la téléconsultation plus rapidement, « c’est qu’ils répondent principalement aux demandes de soins urgents, de premiers recours et qu'ils ont su éduquer leurs patients chroniques, notamment aux motifs qui nécessitent, ou non, une téléconsultation », détaille le Dr Jonathan Favre, lui-même médecin généraliste à Villeneuve-d'Ascq et membre du comité médical de la licorne française, qui est devenue la start-up la plus valorisée dans l'Hexagone, à 5,8 milliards d'euros.
Ce colloque singulier « à distance » est entré dans la pratique, affirme Doctolib, puisque 60 % des généralistes configurent leur agenda « avec des créneaux exclusifs à la téléconsultation ». Et la moitié d’entre eux proposent plus de deux heures de créneaux de téléconsultation par semaine – une consultation à distance durant en moyenne « 16 minutes » sur la plateforme.
Le médecin traitant avant tout
Toujours selon les chiffres des utilisateurs de la société, 85 % des patients qui téléconsultent en médecine générale sont déjà suivis par le médecin vu en vidéo. « Et les 15 % restant sont peut-être ceux qui n’ont justement pas de médecin traitant », imagine le Dr Favre. Un parcours fléché jugé « encourageant » et « qui s’oppose au consumérisme médical, aux téléconsultations plus commerciales », plaide le généraliste du Nord. Les rendez-vous « non honorés » seraient limités à 3 % côté patient et à 0,4 % coté praticien.
Alors que l’avenant 9, signé cet été avec l’Assurance-maladie, plafonne à 20 % la part de téléconsultation dans l’activité globale des praticiens, 13 % des généralistes utilisateurs de Doctolib seraient déjà au-delà de ce plafond. Un chiffre qui n’étonne guère le Dr Favre : « Le barème de 20 % est illogique et ne correspond pas à la pratique, objecte-t-il. Personnellement, tous mes créneaux sont ouverts, soit en présentiel, soit en téléconsultation, je laisse les patients choisir ». Selon lui, il faudrait « déréglementer les 20 % pour les médecins traitants qui suivent des patients chroniques, tout en restreignant les services purement commerciaux qui agissent en dehors du parcours de soins ». Un plaidoyer pro domo.
Pertinence
Alors que la téléconsultation remboursée a connu une explosion avec la crise sanitaire (19 millions en 2020 toutes sociétés confondues), la dynamique reste soutenue. Selon la plateforme, chaque mois, « 165 000 patients » en moyenne expérimentent pour la première fois une consultation à distance.
Interrogés, les généralistes semblent convaincus. Ils estiment que le recours à la visio était pertinent dans 96 % des situations. Les cas d'utilisation les plus fréquents concernent le suivi des pathologies chroniques, les affections aiguës comme les cystites, certaines prises en charge de l’enfant, la sexualité et des suivis (arrêts de travail, accident du travail).
Échanges fréquents de documents
Côté administratif, 80 % des téléconsultations sur Doctolib aboutissent à « un échange de document » (40 % pour des ordonnances, 18 % pour des certificats dont arrêts de travail et 16 % pour des prescriptions de biologie).
Enfin, le géant du rendez-vous médical en ligne vante à nouveau son service de consultation vidéo comme une barrière à la désertification médicale. « 43 % des utilisateurs de la téléconsultation vivent dans une commune de moins de 10 000 habitants contre 15 % qui vivent dans une commune de plus de 100 000 habitants », souligne la société. Le délai entre la prise de rendez-vous en ligne et la consultation est limité à quatre jours en vidéo (contre 12 jours en moyenne pour une consultation physique).
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