Comment aider les 25 % de patients schizophrènes qui continuent d'entendre des voix menaçantes malgré leur traitement pharmacologique ? Selon une étude britannique publiée dans « The Lancet Psychiatry », une thérapie basée sur la confrontation à des avatars virtuels par ordinateur est une piste intéressante.
Chez 150 patients psychotiques traités (dont 88 % étaient schizophrènes), l'équipe dirigée par le Pr Tom Craig, du King's College de Londres montre qu'à 12 semaines, les patients du groupe AVATAR (n = 75) présentaient moins d'hallucinations verbales que les patients du groupe suivant une thérapie de soutien (n = 75).
Objectif reprendre le contrôle
Les sujets ayant des hallucinations verbales entretiennent une relation personnelle avec ces voix, fortement marquée par la notion de pouvoir, les voix étant typiquement vécues comme dominantes. Les patients assujettis ont des sentiments d'infériorité et d'impuissance, qui peuvent être le reflet de la vie sociale de manière plus générale.
L'objectif d'une approche telle que la thérapie AVATAR est de permettre une interaction en face-à-face avec une représentation digitale. Le psychiatre facilite le dialogue entre l'avatar et le patient, de sorte que le patient arrive à prendre le contrôle. La voix initialement omnipotente lâche petit à petit son emprise et devient plus conciliante.
Dans l'étude, les patients présentaient la maladie psychiatrique depuis environ 20 ans et entendaient en moyenne 3 à 4 voix, malgré un traitement médicamenteux efficace (équivalent olanzapine 23 mg/jour en moyenne).
La thérapie s'est déroulée sur 6 sessions, de 50 minutes chacune une fois par semaine. Avant le début de la thérapie, les patients travaillaient avec les thérapeutes pour créer une simulation de la voix sur laquelle ils voulaient le plus prendre le dessus (discours, son de la voix, apparence visuelle).
Chaque session commençait par un travail de 15 minutes en face-à-face avec l'avatar, au cours duquel le thérapeute facilitait le dialogue entre le patient et l'avatar. Les participants étaient dans une pièce face à l'ordinateur, les thérapeutes dans une autre avec un panneau de contrôle leur permettant de parler avec leur propre voix ou en tant qu'avatar.
S'affirmer et prendre confiance
Dans la première phase (session 1 à 3), le thérapeute encourageait des affirmations positives (par exemple le patient dit à la voix qu'il n'est plus prêt à accepter ses menaces et ses insultes). Dans la seconde (sessions 4 à 6), le dialogue évoluait au fur et à mesure que l'avatar concédait du terrain et reconnaissait les forces et qualités du patient. Un enregistrement audio des sessions était remis aux patients à l'issue de chaque séance.
Dans le groupe thérapie de soutien, l'accompagnement allait au-delà d'un simple contrôle. Y étaient abordées les problèmes pratiques posés par le fait de vivre avec une psychose, les moyens d'améliorer la qualité de vie actuelle, l'évocation de traumatismes passés et la reconnaissance des qualités personnelles.
À 12 semaines, les participants du groupe AVATAR ont décrit leurs hallucinations comme étant moins éprouvantes et moins puissantes que ceux du groupe thérapie de soutien. Sept patients du groupe AVATAR et 2 du groupe thérapie de soutien ont même rapporté ne plus en avoir.
Pour le Pr Tim Craig, l'auteur principal, les améliorations constatées « semblent durer jusqu'à 6 mois chez ces patients ». Avant de recommander une utilisation plus large, les auteurs soulignent que la thérapie a été testée dans un seul centre, le leur, avec des psychiatres aguerris et à l'aise avec ces outils, et qu'il est nécessaire de l'évaluer dans d'autres types d'environnements.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes