Acupuncture dans le viseur

La procédure à l’encontre de Médoucine se base sur deux motifs. Premièrement, selon la DGCCRF, la plateforme diffuse « des allégations sur son site laissant croire aux utilisateurs de la plateforme que l'exercice de l'acupuncture peut être réalisé par des professionnels autres que ceux listés » par le Code de la santé publique. En effet, seuls les médecins, les sages-femmes et les chirurgiens-dentistes peuvent pratiquer l'acupuncture.

Secondo, la DGCCRF reproche à Médoucine d’inscrire dans son réseau des thérapeutes « ne disposant pas des qualifications requises conformément à l'article L. 4161-1 du Code de santé publique » (celui qui définit l'exercice illégal de la médecine), tout en « en alléguant sur le site à ses utilisateurs le référencement de "praticiens de confiance" ».

La plateforme réagit

Pour se mettre en conformité, Médoucine doit donc changer le contenu de son site. Contactée par le « Quotidien », la plateforme affirmait mercredi avoir déjà « modifié la page d’information sur l’acupuncture du site » pour coller aux demandes de la DGCCRF et « rajouté mention de la jurisprudence qui considère cette pratique comme réservée aux professionnels médicaux ». Médoucine met toutefois en avant « un flou réglementaire » autour du statut d’acupuncteur en France - « il est possible tout à fait officiellement de se former à l’acupuncture sans être médecin », rappelle-t-elle - mais affirme avoir « fait preuve de diligence vis-à-vis des autorités pour éviter tout risque de confusion du public ». De fait, à ce jour, la requête « acupuncture » à Paris ou à Strasbourg dans la barre de recherche du site n'aboutit plus et renvoie à des praticiens en « énergétique traditionnelle chinoise ».

« Le dernier point de mise en conformité sur lequel nous travaillons vise à supprimer des fiches des praticiens non-médecins toute allégation qui porterait à croire qu’ils pourraient proposer de l’acupuncture à leurs clients », ajoutait hier Médoucine, qui précise que ces « fiches étant sous la responsabilité des professionnels, c’est à eux de faire les modifications qui s'avéreraient nécessaires ». Après avoir informé ses clients, la plateforme affirme qu'elle supprimera après un certain délai « tous les profils que l’on pourrait repérer de praticiens qui mentionneraient encore une pratique de l’acupuncture ».

« Annuaire douteux »

Avec 30 000 prises de rendez-vous revendiquées par Médoucine chaque mois, l’entreprise met aussi en avant des bénéfices commerciaux pour ses clients praticiens, selon l’hebdomadaire « Marianne ». Elle « propose un abonnement à 119 euros par mois (comptez aussi 250 euros de frais d’inscription) à tous les praticiens qu'elle référence », détaille l’hebdo. Sur son site, la plateforme met également à disposition de ses clients des guides et formations pour booster leur visibilité ou « perfectionner l’art de la vente quand on est thérapeute ». En décembre 2021, l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’Individu victimes de sectes dénonçait déjà un « annuaire douteux ».

À l’inverse, Médoucine continue pour sa part de mettre en avant la rigueur du référencement de ses thérapeutes et dit « pouvoir collaborer avec les pouvoirs publics pour éviter de rejeter de nombreux praticiens dans une ombre où les dérives pourraient justement s’épanouir ».