Prudence est mère de sûreté. Face aux doutes qui pèsent sur l’alimentation ultratransformée (AUT), l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a rendu son expertise.
Pointant d’abord « qu’il n’existe pas à ce jour de définition consensuelle de ce type d’aliments », l’institution rapporte néanmoins les « signaux » des études scientifiques suggérant un lien entre la consommation d’aliments qualifiés d’ultratransformés et un risque plus élevé de développer des maladies chroniques, telles que le diabète de type 2, le surpoids et l’obésité, les maladies cardio-neurovasculaires et les cancers du sein et colorectal. Cependant elle rapporte dans son avis un faible niveau de preuve.
L’agence recommande de rechercher désormais les mécanismes sous-tendant ces risques tout en préconisant d’identifier des « leviers d’action pour améliorer la santé publique ». Si elle reste prudente dans ses conclusions, spécifiant notamment que « les classifications actuelles des aliments – Nova par exemple – selon leur degré de transformation ne peuvent pas être traduites en risques sanitaires », elle propose des pistes de travail pour préciser l’effet potentiel des AUT sur la santé.
La piste des substances néoformées à explorer
L’Anses recommande d’explorer « les effets des nouvelles substances qui peuvent se former lors de la transformation des aliments ». Des substances comme des additifs, émulsifiants ou autres ont d’ailleurs été pointées du doigt dans les travaux de l’équipe Inserm de Mathilde Touvier. L’agence invite également « à ne pas négliger les autres leviers d’action pour améliorer l’alimentation de la population », les circonstances de consommation des AUT « favorisant une prise alimentaire excessive ». En effet, les derniers résultats (2020) de l’étude Esteban de Santé publique France montrent une prévalence du surpoids et de l’obésité en augmentation en France, ainsi qu’une hausse des niveaux d’inactivité physique et de sédentarité et ceux de l’étude individuelle nationale des consommations alimentaires (Inca) un décalage entre consommations alimentaires des Français et repères nutritionnels recommandés.
En conclusion, l’Anses rappelle ainsi « l’importance de mesurer l’efficacité de l’ensemble des leviers d’action collective déjà mis en œuvre pour atteindre les repères alimentaires recommandés, ainsi que les niveaux d’activité physique quotidienne et de rupture de sédentarité préconisés pour l’ensemble de la population ».
Classification Nova
À défaut de définition, plusieurs classifications existent pour qualifier les aliments ultratransformés (AUT) selon leur degré de transformation. Parmi elles, la classification Nova, développée par des chercheurs brésiliens, est aujourd’hui la plus utilisée dans les études épidémiologiques. Elle caractérise les AUT par le recours à certains procédés de transformation et par l’ajout d’additifs dits cosmétiques ainsi que de substances rarement utilisées lors de la préparation des repas à domicile.
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