L’impact de la pandémie semble avoir eu un impact modeste sur le développement des plus jeunes. Tels sont les résultats plutôt rassurants d’une étude américaine publiée dans le Jama Pediatrics. Les restrictions qui ont été mises en place dans le monde pour faire face à la propagation du Sars-CoV-2 à partir de 2020 ont en effet soulevé de nombreuses questions quant à ses possibles conséquences sur le développement des enfants. Les auteurs rappellent à ce propos la théorie du « stress familial » qui « prédit que l'isolement social, les difficultés économiques, les changements de routine et le stress psychosocial associés à la pandémie entraîneraient une détérioration du bien-être de l'enfant et de son développement ».
Si des études ont d’ores et déjà mis en évidence une détérioration de la santé mentale et physique, ou encore une dégradation des résultats scolaires et de l’apprentissage chez les enfants d’âge scolaire, les effets sur le développement des plus petits n’étaient pas clairs.
Dans ce travail, les auteurs ont comparé les scores du développement chez des enfants américains âgés de 0 à 5 ans entre la période pré-pandémique et lors du Covid. Leur objectif était également de récolter les impressions de soignants, dont l’anxiété et le stress se sont accrus durant la pandémie, sur leurs inquiétudes et préoccupations quant aux comportements des enfants. Formulant des hypothèses de travail, les auteurs estimaient qu’il y aurait de légères diminutions pour les compétences sociales, pas de changement sur la motricité fine et globale, et que cela toucherait moins la petite enfance.
Ainsi, ils ont pu observer de « modestes changements » dans les scores d’évaluation qui « incitent à un optimisme prudent quant au développement d'une génération d'enfants américains exposés à la pandémie de Covid-19 ». Cependant, si ce changement des scores ne semble pas délétère pour les enfants à court terme, il pourrait l’être plus tard et d’autres séquelles développementales pourraient apparaître. Enfin, les auteurs rappellent que le recours à des consultations en excès pourrait peser sur les infrastructures pédiatriques.
Les enfants de 0 à 12 mois moins concernés par les diminutions des scores
Au total, l’échantillon étudié comprenait 50 205 enfants d’âge moyen 18,6 mois avec 51,5 % de garçons. Parmi tous ces enfants, 29 277 ont répondu au questionnaire « The Ages and Stages Questionnaires, Third Edition » uniquement pendant la période pré-pandémique (1er mars 2018 au 29 février 2020), 1 657 enfants ont répondu pendant les périodes pré-pandémique et « d’interruption » (1er mars au 31 mai 2020) et 19 271 enfants pendant les périodes pré-pandémique et intra-pandémique (juin 2020-mai 2022).
Les scores âge-spécifique moyens ont diminué entre la période pré-pandémie et celle de l’intra-pandémie (juin 2020-mai 2022) pour les domaines de la communication (différence de -0,029), la résolution de problème (-0,018) et du personnel-social (-0,016). Mais aucun changement dans la motricité fine et globale n’a été observé. Concernant les enfants âgés de 0 à 12 mois plus spécifiquement, ces effets sont constatés seulement pour la communication (-0,027) et la résolution de problème (-0,018). Les scores de communication ont diminué d'environ 3 % et les scores personnel-social et de résolution de problèmes ont diminué d'environ 2 %.
Les auteurs estiment en conclusion que la variation des scores est plutôt modeste de 2 à 3 % au niveau national, ce qui correspond à « 1 541 orientations recommandées en plus par mois en matière de développement ».
L’inquiétude des soignants vis-à-vis des enfants, quant à elle, s’est amplifiée durant la période pandémie, uniquement par rapport à la période pré-pandémique (RR = 1,088), mais pas au sujet du comportement des petits mais plutôt à propos du bien-être des enfants. La majorité des répondants étaient des mères.
Même constat dans d’autres études internationales
Les auteurs étaient leurs résultats en s’appuyant sur ceux de précédentes études réalisées dans d’autres pays. Comme en Uruguay, où il a été montré que des enfants d'âge préscolaire (4 à 6 ans) ont connu une légère diminution des domaines cognitifs et moteurs. De même, une étude de cohorte portant sur des enfants américains âgés de 0 à 4 ans a révélé que 8 à 15 % des enfants avaient obtenu de moins bons résultats de tests de développement entre la période pré-pandémique et la période intra-pandémique, notamment les garçons dans les domaines de la communication et de la vie personnelle et sociale.
Une autre étude menée en Irlande a révélé des scores de communication inférieurs pour une cohorte de la période intra-pandémique par rapport à une cohorte pré-pandémique. Enfin ces associations varient en fonction de l’âge, comme le montre une étude japonaise qui a révélé des retards de développement pour les enfants qui ont connu le début de la pandémie à l'âge de 5 ans, mais pas à l'âge de 3 ans.
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce